Gabon : gouvernement, Sénat et Assemblée nationale impassibles face à l’inflation persistante

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Alors que de nombreux pays à travers le monde se sont résolus à apporter des solutions concrètes pour contrer la flambée des prix, au Gabon, les autorités semblent impassibles face à ce phénomène qui accentue la précarité de nombreux ménages. Ainsi, en dépit d’une inflation qui galope mettant en péril un tissu économique déjà bien fragile, gouvernement, Sénat et Assemblée nationale n’ont pas bougé le petit doigt, au grand dam de populations laissées pour compte.

Dans sa dernière revue couvrant la période janvier-mars 2022, la direction générale de l’économie et de la politique fiscale (Dgepf) est longuement revenue sur la flambée des prix constatée sur le marché local. Confirmant cette inflation galopante observée au Gabon depuis le mois d’août 2021, celle-ci a notamment révélée qu’à fin mars 2022, le taux d’inflation, mesuré par l’indice harmonisé des prix à la consommation des ménages est ressorti en hausse de 2,4% contre 1,6% sur la même période en 2021. Mieux encore, en glissement mensuel, les prix ont progressé de 2,9% contre 1,7% en mars 2021.

En effet, entre janvier et mars 2022, l’analyse par fonction de consommation révèle des pressions inflationnistes sur la quasi-totalité des postes, excepté le poste Boissons alcoolisées et tabacs. En point d’orgue de cette explosion des prix sur le marché, la hausse de près de 20% des prix de l’huile raffinée. Une huile pourtant produite localement. « Confirmant la persistance des tensions inflationnistes dans l’économie, observée depuis le mois d’août 2021 », ces données renforcent également l’idée de perte de pouvoir d’achat des ménages, pénalisant une fois de plus les plus précaires. 

Pourtant, la Loi de finances 2022 prévoyait quelques initiatives pour freiner la flambée du coût de la vie, impacté entre autres par la Covid-19. Parmi lesquelles la réduction des droits de douane appliqués à 23 produits importés. «  Dans le cadre de la préservation du pouvoir d’achat des ménages, il est institué à l’importation des produits dits “de première nécessité”, un taux global réduit de 5%  », précisait l’article 5 de ladite Loi. L’opinion est en droit de se demander si cette mesure a été appliquée au regard de la cherté de la vie actuelle.

Néanmoins, le plus inquiétant à ce jour, demeure l’impassibilité du gouvernement de Rose Christiane Ossouka Raponda et surtout l’absence de prise de position courageuse des deux chambres du Parlement que sont le Sénat de Lucie Milebou-Aubusson épse Mboussou et l’Assemblée nationale de Faustin Boukoubi. Grassement rémunérés, députés et sénateurs semblent refuser d’aborder ces questions essentielles qui menacent pourtant la survie de notre tissu économique et fragilisent notre filet social. De l’allocation chômage à la hausse du salaire minimum, deux aspects qui pourraient soulager l’ensemble des populations, ces derniers n’en ont cure. 

D’ailleurs, selon les données du Fonds monétaire international de la Banque mondiale et l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) Inflation CPI indicator, au cours de la période d’observation de 1963 à 2020, le Gabon aurait enregistré un taux d’inflation moyen de 4,9 % par an. Au total, la hausse des prix sur cette période a été de 1 231,57 %. C’est-à-dire qu’un article qui coûtait 1000 fcfa en 1963 était donc facturé 13 315,72 fcfa début 2021. En un mot, le Gabon connaît une augmentation de prix de plus de 1231,6 % en 58 années, soit une baisse de valeur de 212,34 fcfa par an. C’est énorme !

Confirmant au passage les mots récents de l’ancien Premier ministre Jean François Ntoutoume Émane : « le Gabon traverse une crise multiforme sans précédent », cette situation d’inflation galopante, est révélatrice de l’échec des différentes politiques économiques d’un pays qui défraie la chronique à travers le nombre incalculable de détournements de fonds opérés par ses hauts fonctionnaires depuis quelques années. Qui prendra enfin ce taureau par les cornes ?

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