Ce mercredi 15 janvier 2025, Syrielle Zora Kassa, une figure jusqu’alors discrète dans l’arène politique gabonaise, a été nommée ministre de la Pêche et de la Mer lors du remaniement ministériel annoncé par Guy Rossatanga-Rignault, secrétaire général de la Présidence de la République. À seulement 32 ans, cette native de Mayumba, présentée comme une « enfant prodige », se voit confier la responsabilité d’un secteur stratégique pour l’économie gabonaise. Son parcours, bien que brillant, reste principalement axé sur la coopération internationale, un domaine éloigné des réalités techniques et opérationnelles de la pêche.
Un défi à relever pour la jeune ministre
Cette nomination, bien qu’inspirant des espoirs de renouveau, soulève des questions sur son inexpérience dans un secteur aussi complexe et crucial. Le secteur de la pêche au Gabon, bien que porteur d’un potentiel économique considérable, est confronté à des défis de taille. La surexploitation des ressources marines menace la durabilité des stocks de poissons, essentiels à la fois pour l’économie locale et pour la sécurité alimentaire des populations.
Le manque d’infrastructures modernes pour la transformation et la conservation des produits de la mer limite leur valeur ajoutée et leur compétitivité sur les marchés internationaux. En outre, les pratiques de pêche illégales, non déclarées et non réglementées (INN) représentent un fléau qui mine les efforts de gestion durable des ressources maritimes. Pour relever ces défis, la nouvelle ministre devra promouvoir des partenariats internationaux, attirer des investissements et moderniser les pratiques du secteur.
Cependant, la nomination de Syrielle Zora Kassa interroge sur la tendance récurrente à privilégier des profils externes et juvéniles, parfois au détriment de l’expérience et de la stabilité. Le gouvernement d’Oligui Nguema a choisi de faire confiance aux figures montantes, plutôt que de s’appuyer sur des hommes ou des femmes du sérail, expérimentés et rompus aux problématiques complexes de la pêche et de la mer. Ces profils, bien que moins médiatiques, possèdent une connaissance approfondie des enjeux du secteur et auraient pu apporter une expertise immédiate, selon certains observateurs.
Ce qui laisse penser, à tort ou à raison, que cette décision semble refléter une préférence pour des nominations symboliques voire familiales, plutôt que pour des choix pragmatiques et stratégiques en cette période exceptionnelle de transition politique. Par ailleurs, la promotion de jeunes cadres comme Syrielle Zora Kassa s’inscrirait, selon ces mêmes observateurs, dans une dynamique plus large où certains bénéficient d’opportunités exceptionnelles grâce à leurs réseaux politiques ou familiaux, à l’image de Mark Doumba au ministère de l’Économie et des Participations. Pourtant, l’écrasante majorité des jeunes Gabonais se contentent d’initiatives au rabais, comme la distribution symbolique de 400 tricycles ce jeudi, qui ne répondent pas aux véritables besoins d’emploi et de formation.
Cette dichotomie soulève des questions sur l’équité des chances et la pertinence des choix politiques. Alors que quelques privilégiés sont propulsés à des postes de responsabilité, la majorité des jeunes restent en marge, sans réelles perspectives d’avenir. Ces nominations rappellent la nécessité d’une politique plus inclusive, qui ne se contente pas de promouvoir quelques privilégiés, mais qui offre des opportunités réelles à toute une génération en quête de perspectives et déjà rompu à l’exercice du management des Hommes.








