jeudi, avril 25, 2024
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    Le Billet sarcastique : un bluff politique n’engage que la personne qu’on veut tromper

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    Dans un billet quasi-quotidien, Serge Abslow analyse avec beaucoup de sarcasme les faits de société et les évènements qui chamboulent la vie du Gabonais dans son pays. Dans le billet du jour, notre chroniqueur s’indigne que les motivations des militants des partis politiques au Gabon ne soient pas un engagement au profit du collectif, mais pour des bénéfices personnels. Lecture en dix points.

    1. Quand je vois toutes ces gens qui militent hypocritement dans les partis politiques, je me demande quel est le vrai sens du mot militant au sein d’un parti politique ? Militons-nous parce qu’on croit véritablement en un idéal pour lequel on veut contribuer par notre engagement, ou alors militons-nous pour d’autres raisons, parmi lesquelles la seule ambition de prendre part au partage du gâteau ?

    2. J’ai du mal à comprendre qu’on déploie tant d’énergie et de moyens dans un parti de gouvernement, détenteur de tous les pouvoirs dont le pouvoir exécutif, pour que cet engagement militant ne vise que des bénéfices personnels au détriment des bénéfices collectifs. Cette orientation de l’action militante permet de mesurer le degré d’hypocrisie et l’absence d’engagement véritablement citoyen des militants. 

    3. Parce que pour que l’engagement politique soit utile à une nation, il doit avoir pour ambition de susciter, de provoquer et de déclencher des retombées au bénéfice des communautés. En disant celà, j’ai presque envie de pleurer pour la ville d’Oyem et ses populations, qui ont abrité ce week-end la grand-messe de la rentrée politique du PDG dont un puissant plaidoyer pour la résolution des problèmes socioéconomiques était absent. 

    4. Capitale provinciale certainement la plus sinistrée aujourd’hui au Gabon, comme le démontrent les photos qui circulent sur les réseaux sociaux, Oyem a reçu les militants du grand parti des masses, à la faveur des « journées militantes ». Comme l’a reconnu son SG lui-même, c’était davantage une mobilisation festive qu’un réel engagement politique dont on sait qu’elle a été financée par les camarades oyémois, comme ils savent le faire mieux que personne. 

    5. Ce grand bal des vampires qui a eu le mérite de créer un peu d’ambiance à l’aéroport d’Ewormekok devenu un aéroport fantôme depuis des années, au regard du folklore observé sur place, s’est tenu à la Maison du Parti sise au quartier Peloton. La route qui y mène est la pire voirie de toute la commune d’Oyem au point qu’elle est coupée à la circulation depuis un an, 100m plus loin, précisément devant la prison centrale.

    6. Celà n’a pas emu nos amis pédégistes ! On a donc dansé, on a discouru, on s’est congratulés entre camarades et on s’est ensuite évidemment pavané dans toute la ville pour démontrer combien on est mobilisés à soutenir la politique du Président de la République. Très bien! Mais dès que la parade s’est terminée, que doivent retenir au juste les populations ? Qu’a gagné Oyem de tout ce militantisme exacerbé et revendiqué?

    7. Absolument rien ! A part les per diem distribués qui ont permis aux ouailles recrutées pour la circonstance pour faire le nombre, de se saoûler à volonté le temps d’un week-end effervescent aux résultats évanescents. Les rues d’Oyem sont toujours aussi défoncées, les jeunes d’Oyem sont toujours aussi désoeuvrés et les populations d’Oyem sont toujours aussi désemparées de vivre dans une ville sinistrée et dévastée. 

    8. Et pourtant, on y a vu durant ce week-end militant, un balai de grosses cylindrées remplies de hauts cadres rigolards, tous venus de la capitale pour se montrer plutôt que pour être utiles à la cause de leur localité. Mais tous ces militants prompts à venir faire les zélés pour leur parti, n’ont pas saisi cette belle occasion pour s’écoeurer sur la situation apocalyptique de leur commune en particulier et de leur province en général.

    9. Dans les éléments de langage délivrés au long de ses assises, aucune petite allusion à tous ces problèmes systémiques dont la non résolution  justifiera pourtant la débâcle annoncée en 2023 dans cette même ville. De mon humble point de vue, il eût été utile de justifier une telle débauche d’énergie et de moyens, au minimum par un mémorandum au DCP en faveur de la prise en charge des problèmes collectifs.

    10. Cette absence de « realpolitik » dont ont fait preuve les cadres locaux du parti, a laissé une impression malsaine que ces assises n’auront été qu’une occasion de plus pour narguer des populations vivotant dans une ville en état de balkanisation. Quelle peut être la plus-value d’une telle rencontre si elle ne traite pas des problèmes de fond? Nul n’est dupe, ce bluff politique n’engage que la personne qu’on veut tromper. Je dis ça, je dis rien!

    Sarcastiquement vôtre !

    Serge Abslow, chroniqueur

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