Avec un chiffre d’affaires de 250 milliards de fcfa en 2023, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) se classe comme la 7ème entreprise du pays et la 343ème à l’échelle africaine, selon le dernier classement Jeune Afrique 500. Ce positionnement témoigne de son poids économique majeur. Pourtant, derrière cette performance chiffrée, l’entreprise peine à assurer sa mission de service public. Endettement croissant, infrastructures vieillissantes et facturation inefficace fragilisent son modèle économique, compromettant la qualité des services rendus aux Gabonais.
Une situation tendue
Les finances de la SEEG sont sous pression. En 2023, les impayés de la clientèle ont dépassé les 250 milliards de fcfa, dont plus de 72 milliards dus par l’État lui-même. Pire encore, moins de 50% de l’eau produite est facturée, un manque à gagner colossal pour l’entreprise. Cette situation s’explique par des branchements illégaux, des pertes techniques et une gestion commerciale perfectible. De plus, alors que les charges d’exploitation augmentent avec l’inflation, les tarifs appliqués aux consommateurs sont gelés depuis 2018, limitant les marges de manœuvre financières de la SEEG.
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Restructuration en cours
Face à cette impasse, la direction a engagé une restructuration visant à réduire les coûts et améliorer l’efficacité. Depuis septembre 2023, le nombre de sous-traitants est passé de plus de 2 600 à 241, et les directions ont été réduites de neuf à six. Ces mesures ont permis une rationalisation des dépenses, mais elles restent insuffisantes pour compenser le poids des dettes et des investissements limités. En 2022, ces derniers avaient déjà chuté de 18%, s’établissant à 17,2 milliards de fcfa, compromettant ainsi la modernisation des infrastructures.
Ce manque d’investissement se traduit par des coupures récurrentes d’électricité et des perturbations dans la distribution d’eau, accentuant le mécontentement des usagers. L’état vétuste des équipements et la faiblesse des capacités de production rendent le réseau instable, affectant aussi bien les ménages que les entreprises. Alors que la SEEG demeure une entreprise clé pour le développement du pays, son modèle économique montre ses limites et appelle à une refonte en profondeur.
Des solutions s’imposent
Pour sortir de cette crise structurelle, plusieurs solutions s’imposent : un renforcement des capacités de production, une amélioration du recouvrement des factures et une recapitalisation de l’entreprise. La collaboration entre la SEEG, l’État et les consommateurs sera déterminante pour assurer la viabilité financière du fournisseur d’eau et d’électricité. Si la SEEG demeure un géant de l’économie gabonaise, son équilibre reste donc fragile, menaçant à terme la continuité de ses services essentiels.