Dans une longue interview accordée au média belge DW, Alain-Claude Bilie-By-Nze, candidat à l’élection présidentielle du 12 avril 2025, cherche à se démarquer du régime déchu d’Ali Bongo Ondimba dont il fut le dernier Premier ministre. Face aux critiques qui l’associent à l’ancien pouvoir, il affirme avoir pris ses distances et revendique son autonomie politique. « Je l’ai vu de temps en temps. Mais aujourd’hui, j’ai pris totalement ma liberté et je le lui ai dit », déclare-t-il, rejetant toute idée de continuité avec l’ancien chef de l’État. Dans un contexte où le pouvoir militaire prône la « restauration » et où l’opinion publique se montre méfiante envers les anciennes élites, Bilie-By-Nze tente de redéfinir son image pour s’imposer comme une alternative crédible.
Une vision personnelle
Cette prise de position vise à répondre aux accusations de collusion avec le passé. Ayant occupé plusieurs postes clés sous les présidences d’Omar et d’Ali Bongo, il est régulièrement présenté comme une figure du système qu’il dit aujourd’hui vouloir transformer. Mais il balaie ces critiques en mettant en avant sa propre vision. « Je ne suis pas dans cette élection le représentant d’Ali Bongo. Je suis Alain-Claude BBilie-By-Nze, porteur d’une vision différente, d’une vision autonome pour le Gabon », insiste-t-il. Pour se distinguer, il mise sur son expérience gouvernementale et sur son positionnement politique, qui selon lui tranche avec celui du pouvoir en place.

L’ancien Premier ministre défend un programme de rupture, centré sur une refonte des finances publiques et un repositionnement du Gabon sur la scène internationale. Il veut rompre avec certaines pratiques du passé, tout en évitant un basculement vers d’autres formes de dépendance. « Je porte un projet de rupture radicale », affirme-t-il, insistant sur la nécessité de revoir la relation avec la France sans pour autant « tomber dans le bras d’un autre colon ». Cette approche se veut pragmatique, dans un contexte où la question de la souveraineté économique et politique est au cœur du débat national.
Convaincre les électeurs
En réponse aux critiques sur son passé politique, Bilie-By-Nze souligne que d’autres figures de l’ancien régime occupent aujourd’hui des postes clés au sein de la transition militaire. Sans les nommer, il fait allusion à certains membres du gouvernement d’Oligui Nguema qui, selon lui, seraient plus proches du système Bongo que lui-même, notamment la ministre de l’Education nationale Carmelia Ntoutoume Leclerc et le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Hermann Immongault. « Il y a des continuateurs », glisse-t-il subtilement, laissant entendre que la transition actuelle ne représente pas forcément la rupture qu’elle prétend incarner. En choisissant cette ligne, il cherche à recentrer le débat sur l’avenir, plutôt que sur le passé.
Dans une élection où l’abstention pourrait peser lourd, Bilie-By-Nze joue une carte délicate : convaincre les électeurs qu’il incarne un véritable changement, sans renier son expérience passée. Son défi sera d’attirer à la fois ceux qui rejettent la transition militaire et ceux qui souhaitent tourner la page de l’ère Bongo. Reste à savoir si son discours de distinction sera suffisant pour fédérer un électorat encore hésitant.