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Campagne électorale : comme un air de déjà-vu, des agents publics enrôlés malgré eux

le coup de coeur

Depuis plusieurs jours, une vague d’indignation monte au sein de la fonction publique gabonaise. En cause, la distribution massive de t-shirts et d’objets de campagne à l’effigie du candidat indépendant Brice Clotaire Oligui Nguéma. Plus troublant encore, certains agents affirment qu’on leur impose de participer à un grand rassemblement en soutien au chef de la transition. Une situation qui n’est pas sans rappeler une époque où la toute-puissance du parti unique façonnait le paysage politique à coups de démonstrations de force et de mobilisation contrainte des fonctionnaires.

Des pratiques d’un autre âge

Si cette pratique semble sortie d’un autre temps, elle illustre une réalité bien actuelle : l’influence persistante de l’appareil d’État sur le jeu électoral. À l’époque du PDG (Parti démocratique gabonais) triomphant d’Omar Bongo, les agents publics se retrouvaient régulièrement enrôlés dans les événements politiques, souvent sans alternative. Aujourd’hui, la mécanique paraît étrangement similaire. Officiellement, personne n’est forcé, mais dans un pays où l’administration est encore largement politisée et où l’on exige à des fonctionnaires de souhaiter “joyeux anniversaire au président”, difficile de refuser sans conséquences. Nombre d’agents redoutent que leur absence à la manifestation soit perçue comme une marque de défiance.

Un changement de façade ?

Cette situation renforce la posture d’autres candidats, à commencer par Alain-Claude Bilie-By-Nze. L’ancien Premier ministre, désormais en lice pour la magistrature suprême, ne cesse de marteler que cette transition n’a été qu’un « changement de façade », une passation du pouvoir de la branche politique d’Okondja à la branche militaire de Ngouoni. En d’autres termes, loin d’une rupture, il s’agirait d’un simple transfert d’héritage. Le recours à des méthodes qui rappellent celles du passé ne fait que conforter cette analyse.

Utilisation des ressources de l’État

Au-delà des querelles partisanes, cette situation pose une question plus large sur la nature même de l’alternance en cours. L’utilisation des ressources de l’État à des fins électorales est un sujet sensible dans toute démocratie naissante. À l’heure où le Gabon tente de redéfinir les règles du jeu politique, la tentation d’instrumentaliser l’administration publique pour asseoir une candidature interroge sur la sincérité du processus. Une chose est sûre : pour de nombreux agents, ces pratiques renvoient le pays plusieurs décennies en arrière.

Reste à savoir si ces méthodes, en plus d’être controversées, seront véritablement efficaces. Car si elles peuvent impressionner en façade, elles risquent aussi d’alimenter un rejet silencieux dans l’isoloir. Et dans une élection où chaque voix comptera, l’enjeu est de taille notamment pour le général-président-candidat, qui entend s’imposer avec un score soviétique. 

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