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Cemac : avec plus de 552 milliards à lever, la frénésie d’emprunts publics s’emballe

le coup de coeur

La machine à emprunter est en marche en zone CEMAC, et rien ne semble l’arrêter. En février 2025, pas moins de cinq pays de la région à savoir : le Gabon, le Congo, le Cameroun, le Tchad et la RCA, prévoient de lever un total de 552,5 milliards de fcfa sur le marché des titres publics. À eux seuls, le Gabon et le Congo concentrent plus de 80% des demandes, le premier visant 290 milliards de fcfa et le second 160 milliards. Une course effrénée à l’endettement, alors même que les conditions d’emprunt se durcissent.

La Banque centrale a resserré la vis, rendant le crédit plus coûteux et l’accès aux financements plus compliqué. Pourtant, les États continuent de puiser dans le marché des titres publics pour financer leurs budgets, rembourser d’anciennes dettes et combler des déficits qui peinent à se résorber. Le Gabon, par exemple, a déjà lancé une première émission par syndication domestique de 55 milliards, dont 30 milliards dédiés au rachat d’obligations arrivant à échéance. On emprunte donc pour rembourser d’autres emprunts : une véritable fuite en avant. 

Dans ce contexte, les investisseurs commencent à se poser des questions. Les taux d’intérêt proposés par les États montent pour attirer plus de liquidités, mais jusqu’où cela peut-il tenir ? La Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) complique également l’équation en imposant des règles plus strictes aux banques locales qui prêtent aux États. Résultat : le marché est sous pression, et la méfiance s’installe. Le Cameroun, pourtant première économie de la sous-région, se montre plus prudent avec une cible de 65 milliards de fcfa, tandis que le Tchad et la RCA misent sur 30 et 7,5 milliards respectivement. Une prudence qui contraste avec l’appétit du Gabon et du Congo, mais qui traduit aussi un constat : la dette coûte de plus en plus cher, et tout le monde ne peut pas suivre le rythme.

LIRE AUSSI : CEMAC : la BEAC veut porter le taux d’inclusion financière à 60% d’ici 2030

À force de pousser la machine à crédit toujours plus loin, la question devient inévitable : jusqu’où la Cemac pourra-t-elle tenir ce rythme sans déclencher une crise ? Si les investisseurs commencent à se détourner ou si la Beac serre encore la vis, les États devront trouver d’autres solutions. Mais lesquelles ? 

L’option d’une consolidation budgétaire est sur la table des décideurs, mais peu de gouvernements veulent s’y engager, de peur d’alimenter des tensions sociales. Certains misent sur une éventuelle détente monétaire, ce qui est hypothétique. D’autres espèrent un retour des financements extérieurs ce qui dans un contexte d’élections présidentielles à venir dans de nombreux Etats dont le Gabon, est en suspens. En attendant, la frénésie continue, et personne ne sait encore où elle mènera.

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