Le 23 juillet 2025 marque un tournant décisif pour la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). À cette date, le gouverneur de l’institution, Yvon Sana Bangui, a officialisé la signature de la version mise à jour des statuts de la BEAC, arrêtée au 30 juin. La principale nouveauté réside dans une augmentation spectaculaire du capital social, désormais fixé à 353 milliards de fcfa, contre 132 milliards de fcfa précédemment, soit une hausse de 167,5%.
Renforcer l’autonomie et la solidité de la Banque centrale
Validée en mars 2025 par le conseil d’administration, cette opération d’envergure a été intégralement financée sur fonds propres, via l’incorporation de 221 milliards de fcfa prélevés sur les réserves issues des bénéfices non distribués. Conformément à l’article 2 des statuts, ce capital reste réparti à parts égales entre les six États membres de la CEMAC : Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine et Tchad. Ce choix d’une recapitalisation interne traduit une volonté assumée des États de renforcer l’autonomie et la solidité de leur Banque centrale, sans dépendre d’un quelconque appui extérieur.
Cette décision stratégique s’inscrit dans la dynamique d’une BEAC en mutation. L’institution entend, à travers ce renforcement de ses fonds propres, accroître sa résilience face aux chocs économiques et financiers, améliorer sa gouvernance interne et consolider la crédibilité de sa signature auprès de ses partenaires. « L’augmentation du capital social de la BEAC permet de renforcer sa solidité financière, d’améliorer sa crédibilité vis-à-vis du public et des partenaires institutionnels, et sa capacité à faire face aux chocs », confie une source interne jointe par nos confrères d’EcoMatin.
BEAC : un bénéfice net record de 354,7 milliards de fcfa
Ce mouvement intervient dans un contexte particulièrement favorable. La BEAC a enregistré un bénéfice net record de 354,7 milliards de fcfa en 2024, fruit d’une gestion jugée rigoureuse et transparente, caractérisée par une maîtrise des charges, une optimisation des revenus d’exploitation, et une série de réformes impulsées par le gouverneur depuis sa prise de fonctions en mars 2024. Ce résultat exceptionnel a d’ailleurs permis la distribution de 100 milliards de fcfa de dividendes aux États membres au titre de l’exercice écoulé.
Pour mémoire, il s’agit de la huitième augmentation de capital depuis la création de la BEAC. De 5 milliards de fcfa en 1977 lors du transfert du siège de Paris à Yaoundé, le capital est passé à 20 milliards en 1983, puis progressivement à 45 milliards en 1995. En 2007, sous la direction du Gabonais Jean-Félix Mamalepot, il avait été porté à 88 milliards de fcfa, puis à 132 milliards en 2023 sous Abbas Mahamat Tolli.
Avec cette nouvelle étape à 353 milliards de fcfa, la BEAC affirme son rôle central dans la transformation économique de la zone CEMAC et envoie un signal fort de sa solidité financière, dans un environnement régional toujours en quête de stabilité monétaire et de modernisation institutionnelle.