Avec plus de 600 millions de dollars investis dans ses opérations au Congo-Brazzaville depuis 2017, Trident Energy s’impose comme un nouvel acteur majeur du pétrole en Afrique centrale. L’entreprise britannique, qui exploite les champs M’Boundi et Kouakouala, a récemment confirmé un plan d’investissement de 250 millions de dollars supplémentaires pour moderniser ses installations et accroître sa production de 20% d’ici 2026. Ce positionnement offensif fait écho à sa stratégie régionale, qui pourrait logiquement s’étendre au Gabon, où plusieurs actifs matures sont en quête de repreneurs.
Le secteur pétrolier congolais, dominé historiquement par TotalEnergies et Eni, connaît un renouvellement de ses opérateurs indépendants. Trident Energy, déjà présent en Guinée équatoriale et au Nigeria, mise sur les gisements offshore vieillissants qu’elle modernise à moindre coût grâce à une gestion technique fine et un modèle d’exploitation “brownfield”. Le Gabon, qui compte une trentaine de permis pétroliers arrivant à échéance d’ici 2026, représente un terrain favorable pour ce type d’opérateur.
Pour l’économie gabonaise, l’arrivée d’un acteur comme Trident serait stratégique : le pays a produit 10,1 millions de tonnes de pétrole brut en 2024, soit une baisse de 7% sur un an, et cherche à maintenir un plateau de production autour de 90000 barils/jour. Les reprises d’actifs par des compagnies intermédiaires comme Assala ou Perenco ont déjà permis de stabiliser les recettes fiscales, mais la diversification des opérateurs reste un enjeu clé pour éviter la concentration du secteur.
Cependant, le modèle Trident repose sur des conditions fiscales incitatives et des accords de partage de production avantageux, qui pourraient réduire les marges budgétaires de l’État gabonais si elles étaient répliquées. La compétitivité fiscale régionale est désormais au cœur des arbitrages : le Congo a consenti des taux d’imposition inférieurs à 30% pour attirer ces opérateurs, quand le Gabon reste autour de 35%.
À moyen terme, l’intérêt potentiel de Trident Energy pour le Gabon dépendra de la capacité du pays à relancer l’exploration offshore et à sécuriser ses infrastructures logistiques. Si Libreville poursuit sa politique d’ouverture contrôlée du secteur, un partenariat avec Trident pourrait symboliser une nouvelle génération d’investisseurs intermédiaires entre majors historiques et compagnies nationales émergentes.








