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Dette : le Gabon refinance un eurobond de 2015 à un coût historique

le coup de coeur

La semaine dernière, le Gabon a réussi à lever 520 millions de dollars (environ 325 milliards fcfa) sur le marché international de la dette grâce à un placement privé arrangé par Citi. Cette opération, révélée par Global Capital, vise en partie à racheter un eurobond de 315 millions de dollars émis en 2015 à un taux de 6,95 %, arrivant à échéance en juin 2025. Si cette manœuvre permet à Libreville d’éviter un défaut de paiement, elle s’est néanmoins conclue à des conditions d’emprunt particulièrement rigides.

En effet, le Gabon espérait refinancer cette dette avec un taux d’intérêt de 9,5 %, mais les investisseurs se sont montrés plus exigeants. Le rendement final s’est établi à 12,7 %, un niveau record pour un pays émergent depuis au moins 15 ans, selon Global Capital. La maturité de l’emprunt est également courte : la moitié du principal devra être remboursée en 2028 et le solde en 2029, ce qui correspond à une durée de vie moyenne pondérée de 3,5 ans. Un tel niveau de rémunération traduit la prudence des investisseurs face aux risques économiques et politiques du pays.

Un répit pour la trésorerie de l’État

Ce refinancement apporte un répit à la trésorerie de l’État, alors que les tensions de liquidités s’accumulent. En janvier, l’agence Fitch Ratings avait abaissé la note souveraine du Gabon à « CCC », notamment à cause d’arriérés de paiement de 26,6 millions de dollars envers la Banque mondiale. Cependant, accepter un taux aussi élevé pour une dette à court terme ne fait que repousser les échéances sans réellement alléger la charge de la dette. D’autant plus que le pays fait face à une conjoncture défavorable avec une baisse des recettes pétrolières, prévues à 70 dollars le baril en 2025 et 65 dollars en 2026, selon Fitch.

Une pression forte sur Libreville

Avant cette opération, le Gabon avait déjà racheté une partie de son eurobond (290 millions de dollars) grâce à un prêt contracté auprès des banques de la CEMAC, ce qui avait provoqué des critiques sur l’impact négatif de cette démarche sur les réserves de change de la région. Cette fois-ci, l’opération épargne la CEMAC d’un nouvel affaiblissement de ses avoirs extérieurs, un soulagement pour la stabilité du franc CFA. Toutefois, la pression reste forte sur Libreville, qui devra encore gérer des échéances importantes en 2031 sur deux autres eurobonds, totalisant 1,395 milliard de dollars.

Dans ce contexte, un accord avec le FMI devient de plus en plus crucial. Le Gabon pourrait solliciter un appui financier de l’institution de Bretton Woods en 2025, bien que des ajustements budgétaires drastiques pourraient être exigés. La stabilité financière du pays dépendra donc de sa capacité à convaincre ses créanciers tout en maintenant une politique économique viable dans un climat politique encore incertain après la transition de 2023.

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