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Émission « 1 candidat, 1 projet » : comment Bilie-By-Nze entend « réparer par l’emploi, redistribuer avec justice »?

le coup de coeur

Dans un Gabon où plus de 35% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté (selon la Banque mondiale), le projet présidentiel de Bilie-By-Nze, présenté lors de l’émission “1 candidat, 1 projet” sur Gabon 1ere, se veut résolument social. Il propose la mise en place d’un revenu minimum garanti de 150 000 fcfa par mois pour 160 000 Gabonais économiquement faibles, dans une première phase. Une initiative inédite, pensée pour amortir les chocs sociaux et restaurer un filet de sécurité pour les plus vulnérables. Mais cette ambition, si elle est louable, pose la question cruciale de sa soutenabilité financière, dans un contexte où l’État peine déjà à financer ses priorités structurelles.

En multipliant 150 000 fcfa par mois sur 12 mois pour 160 000 bénéficiaires, le coût annuel de cette mesure s’élèverait à 288 milliards fcfa. À titre de comparaison, le budget total alloué à la santé en 2025 est de 161 milliards fcfa. Celui de l’Éducation nationale, un autre pilier social, est de 237 milliards fcfa. L’ensemble des dépenses d’investissement hors dette dans le budget 2025 tourne autour de 1100 milliards fcfa.

Ainsi, le seul financement de cette allocation représenterait près de 26% des investissements publics prévus. Sans mesures d’optimisation de la dépense publique ou de nouvelles ressources fiscales, cette initiative pourrait être difficilement tenable à moyen terme. En complément, Bilie-By-Nze prévoit une allocation chômage temporaire, notamment pour les jeunes en situation d’inactivité prolongée. 

L’ancien Premier ministre prévoit de soutenir les jeunes en situation d’inactivité prolongée. Il évoque une réinsertion professionnelle encadrée par les pouvoirs publics. Mais en reprenant un scénario de 100 000 bénéficiaires à 100 000 fcfa mensuels pendant 6 mois, le coût annuel supplémentaire serait de 60 milliards fcfa. Au total, les aides sociales directes envisagées par Bilie-By-Nze pourraient atteindre environ 348 milliards fcfa par an, hors frais administratifs. 

Cette initiative représenterait près de la moitié de la masse salariale publique prévue en 2025 (825,3 milliards fcfa). Autrement dit, un programme aussi ambitieux exige une refonte profonde des équilibres budgétaires et une stratégie crédible de financement à long terme. Pour soutenir cet effort, Bilie-By-Nze compte supprimer certaines institutions jugées budgétivores : le Conseil économique, social et environnemental (CESE), le Sénat, et la Médiature de la République. 

Selon la loi de finances 2025, le CESE est doté d’un budget de plus de 4 milliards de fcfa, la Médiature de 2 milliards de fcfa, et le Sénat reçoit une enveloppe d’environ 12 milliards fcfa. En tout, ces suppressions représenteraient environ 18 milliards de fcfa d’économies par an. Un montant non négligeable, mais encore insuffisant pour financer à lui seul un programme social estimé à près de 348 milliards fcfa annuels. 

Pour combler le gap restant, l’ancien Premier ministre a également de récupérer “10% des revenus pétroliers et miniers du Gabon”, “une part substantielle mais raisonnable de nos ressources naturelles directement redistribuée”, “un fonds souverain dédié et sanctuarisé par la loi”, des économies significatives sur le train de vie de l’État”, “réduction des dépenses protocolaires et de prestige”, “optimisation des structures administratives”, “une meilleure collecte fiscale auprès des grandes entreprises”, “révision des conventions fiscales trop avantageuses”, et enfin la lutte contre l’évasion fiscale”. Des mesures qui pourraient, si elles sont exécutées efficacement, permettre de financer ce programme. 

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