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Entrepreneuriat: des réformes pas si inclusives que ça au Gabon !

le coup de coeur

Le projet de loi de finances 2025 au Gabon introduit plusieurs réformes fiscales et priorités d’investissement qui, selon le gouvernement, auront un impact significatif sur le secteur privé et l’entrepreneuriat. Le gouvernement cherche à stimuler le développement d’un secteur privé plus dynamique, conscient du rôle crucial que jouent les petites et moyennes entreprises (PME) et l’innovation dans la croissance économique. Pour cela, l’État prévoit de consacrer environ 300 milliards de fcfa aux initiatives visant à promouvoir les PME et soutenir les jeunes entrepreneurs. Mais dans quel écosystème? L’information disponible actuellement est-elle tangible?

Parmi les principales mesures visant à soutenir le secteur privé prévues dans la Loi de finances 2025, on retrouve une réduction des impôts sur les bénéfices des petites entreprises. Prévue avec un taux d’imposition qui passera de 30% à 20% pour les entreprises réalisant moins de 30 millions de fcfa de chiffre d’affaires annuel, cette initiative est censée encourager l’innovation et la création d’emplois. Mais à l’heure où le pays doit faire face à de nombreux défis et améliorer la libéralisation de notre économie, ce seuil semble trop bas pour toucher un nombre significatif d’entreprises. Beaucoup d’entre elles restent exclues de cette mesure, ce qui limite son impact potentiel sur le secteur entrepreneurial dans son ensemble.

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En effet, l’allègement fiscal pour les entreprises nouvellement créées semble prometteur mais seulement en surface. Les entreprises ciblées bénéficieront certes d’une exonération totale d’impôt sur les bénéfices durant leurs trois premières années d’activité, une mesure qui devrait concerner environ 3 000 nouvelles entreprises en 2025, mais cette réforme risque une fois encore de favoriser principalement les start-ups urbaines dans des secteurs à faible intensité de capital. Alors que les PME de l’hinterland, souvent confrontées à des contraintes infrastructurelles et logistiques, ne seront pas suffisamment soutenues. C’était d’ailleurs le sens de la récente rencontre entre Tony Elumelu et Brice Clotaire Oliguik Nguema. 

Okoumé Capital, SGG, un soutien limité à l’innovation

Si le gouvernement prévoit de créer des fonds d’investissement, dotés de 90 milliards de fcfa, pour soutenir les secteurs innovants tels que les technologies de l’information, les énergies renouvelables et l’agro-industrie, ce montant peut paraître dérisoire en comparaison des besoins réels de financement dans ces secteurs. On peut d’ailleurs le voir dans des zones productives d’Afrique de l’Ouest où les levées de fonds de start-ups se chiffrent en millions de dollars. Le secteur technologique et celui des énergies renouvelables nécessitent des investissements à long terme et beaucoup plus conséquents pour véritablement devenir des moteurs de croissance. C’est un fait. 

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Le projet de loi de finances qui prévoit également une hausse des taxes sur certains produits importés, visant à promouvoir la production locale, devrait donc revoir sa stratégie et sortir du court-termisme. D’autant que les nombreuses taxes annoncées dans ce domaine, qui devraient générer environ 120 milliards de fcfa de recettes supplémentaires, risquent d’alourdir les coûts de production des entreprises dépendant des importations. Les secteurs de l’industrie manufacturière et du commerce de gros devraient être particulièrement affectés, avec des répercussions potentielles sur les prix à la consommation et sur la compétitivité des entreprises locales. Résultat, des prix non compétitifs et un consommateur qui devrait se tourner vers des produits bon marchés. 

Une ambition globalement limitée

Bien que l’intention soit de stimuler la production nationale, l’économie gabonaise n’est pas encore suffisamment diversifiée pour que les entreprises puissent facilement se tourner vers des fournisseurs locaux. De plus, cette mesure pourrait décourager les investisseurs étrangers, qui pourraient percevoir cette taxation comme une barrière supplémentaire dans un environnement déjà perçu comme complexe. Le gouvernement espère attirer davantage d’investissements étrangers, avec pour objectif une hausse de 20 % des flux d’investissements directs étrangers (IDE) en 2025. Mais le climat des affaires reste loin d’être satisfaisant en lien avec les nombreuses pesanteurs administratives, en plus d’infrastructures de mauvaise qualité. 

Des réformes finalement pas si inclusives

Bien que le projet de loi de finances 2025 affiche des ambitions louables pour dynamiser le secteur privé et l’entrepreneuriat au Gabon, il présente plusieurs limites. Les mesures fiscales, bien qu’intéressantes, ne semblent pas assez inclusives et risquent de ne pas toucher un nombre suffisant d’entreprises pour générer un véritable impact économique. Par ailleurs, les fonds destinés à l’innovation et à l’investissement semblent insuffisants au vu des besoins de modernisation et de diversification de l’économie. Les 30 milliards de fcfa que consacrent le PLF à la formation et à l’accompagnement des jeunes entrepreneurs, sont insignifiants. Dans un pays où le principal défi demeure l’accès aux financements, qui reste un frein majeur pour les entrepreneurs gabonais, un plus large éventail de mesures auraient pu être prises. 

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