Pour Étienne Dieudonné Ngoubou, ancien ministre du Pétrole et des Hydrocarbures, l’affaire Karpowership illustre à elle seule les incohérences de la politique énergétique du Gabon. « Cette stratégie est une aberration économique : au lieu de construire notre autonomie, nous payons une rente à une entreprise étrangère ». En 2025, le pays signait un contrat pour la location de deux centrales flottantes, censées être une solution temporaire à la crise énergétique. Mais au lieu d’être un palliatif, Karpowership est appelée à devenir une charge financière lourde, qui détourne des ressources précieuses de projets structurants.

Coût excessif du kilowattheure

Le principal problème, selon l’ancien ministre, est le coût du kilowattheure (kWh) produit par cette centrale flottante. « Nous déboursons chaque année des dizaines de milliards de fcfa pour une électricité qui aurait pu être produite localement à moindre coût. » Plutôt que d’investir dans les infrastructures nationales, le Gabon s’enferme dans une dépendance qui grève son budget et repousse toute solution durable.

Au-delà des coûts, Ngoubou dénonce un manque total de souveraineté énergétique. « En nous appuyant sur une entreprise étrangère pour assurer notre approvisionnement, nous avons volontairement placé notre sécurité énergétique entre les mains d’un opérateur privé. » Le contrat signé reste opaque, et aucune alternative n’a été sérieusement étudiée pour sortir rapidement de cette dépendance.

Des infrastructures hydroélectriques sous-exploitées

L’ancien ministre rappelle que le Gabon dispose pourtant d’infrastructures hydroélectriques sous-exploitées. « Si nous avions mis autant d’énergie à réhabiliter et à interconnecter nos barrages qu’à négocier ce contrat, nous serions aujourd’hui autonomes. » Mais les gouvernements successifs ont préféré des solutions d’urgence coûteuses, plutôt que de s’attaquer aux vrais problèmes du secteur.

« Il faut mettre fin à cette politique du rafistolage. Karpowership ne peut être une solution pérenne. Il est urgent de finaliser les infrastructures en attente et de reprendre le contrôle de notre production énergétique. » Pour Ngoubou, la transition vers une autonomie réelle doit être une priorité, sans quoi le pays continuera de payer le prix fort pour son manque d’anticipation.