spot_img

Notre devoir, servir la vérité.

spot_img

Gabegie d’État : le procès Sylvie Bongo et la Young Team, révélateur d’un système hors de contrôle sous Ali Bongo 

le coup de coeur

Le récent procès des Bongo Valentin et de la “Young Team” a agi comme un révélateur : ce ne sont pas seulement les personnes mises en cause, mais un système de gouvernance financière qui semble avoir permis l’accumulation d’un patrimoine colossal, selon les réquisitions. Au cœur du dossier figurent des montants et des postes précis : 4917 milliards de fcfa avancés au total, dont 4202 milliards formant la masse patrimoniale identifiée pour deux personnes. Les audiences ont décortiqué des catégories d’actifs souvent chiffrées dans la presse et dans les pièces du dossier, et ont cherché à relier la provenance des fonds à l’usage de ressources publiques. 

Plusieurs registres d’irrégularités

Lorsqu’on creuse ces lignes budgétaires, plusieurs registres d’irrégularités apparaissent : des acquisitions par des entités opaques, des transferts transfrontaliers, et des dépenses somptuaires qui paraissent déconnectées des fonctions publiques. Pour le docteur Eddy Minang, procureur général pour la Cour d’appel judiciaire de Libreville, il n’y a pas de doute, les institutions ont cessé d’être des remparts pour devenir des guichets automatiques. « Ce dossier n’est pas un simple procès, c’est une autopsie nationale. C’est la démonstration de ce que peut devenir un État lorsque la dignité cesse d’être une valeur. Lorsque la loyauté se monnaie et lorsque les institutions cessent d’être des remparts pour devenir des guichets automatiques », a déclaré le procureur général, lors de son réquisitoire. 

Des ressources accaparées par une élite prédatrice

Dans la perception citoyenne, la juxtaposition de ces chiffres avec les limites des services publics renforce l’idée d’un État dont une partie des ressources aurait été accaparée par une élite prédatrice. Les révélations du procès ont par ailleurs mis en lumière la porosité entre sphère publique et intérêts privés. A la barre, les accusés ont détaillé un train de vie chiffré en milliards annuels pour dépenses personnelles, tandis que des dépenses comme un « potager privé » financé pour près de 500 millions de fcfa appartenant à l’épouse de l’ancien président Ali Bongo ont servi à illustrer l’ampleur du gaspillage.

A la barre, les accusés ont détaillé un train de vie chiffré en milliards annuels pour dépenses personnelles, tandis que des dépenses comme un « potager privé » financé pour près de 500 millions de fcfa appartenait à l’épouse de l’ancien président, la nommée Sylvie Aimée Marie Valentin épse Bongo.

Des ressources publiques redirigées pour un usage privé

Ces exemples concrets, loin d’être anecdotiques, servent à matérialiser l’accusation : ils montrent comment des ressources publiques ont été redirigées pour un usage privé. Les mécanismes mis en cause incluent l’emploi de sociétés-écrans, la création de flux entre comptes à l’étranger, et des montages juridiques rendant difficile la saisie. Dans ce contexte, l’affaire dépasse la personne et interroge la capacité des institutions nationales à contrôler, auditer et sanctionner en temps réel les détournements de fonds publics.

Appel à des réformes profondes

Sur le plan politique, la portée est considérable. Les montants en jeu sont utilisés comme moyens de pression dans l’arène publique, et renforcent l’appel à des réformes profondes. Les analystes évoquent la nécessité d’un système de prévention des conflits d’intérêts qui soit réellement contraignant : déclarations patrimoniales publiques, incompatibilités claires pour les proches des responsables, et registres purs et simples sur les bénéficiaires effectifs des entreprises opérant sur le territoire. 

Sans ces réformes, le risque est de voir se reproduire des situations similaires sous la Ve République, où des sphères de pouvoir économique restent à l’abri du contrôle démocratique. Ainsi, le procès a une dimension normative : il sert à poser les bases d’un débat sur ce que doit être l’administration d’un État moderne et transparent. La société civile, stimulée par ces révélations, demande désormais des lois et des organismes plus robustes, ainsi qu’une coopération internationale renforcée pour suivre les capitaux.

Une population abusée

Pour la population, le débat se mêle à la douleur quotidienne des manques : écoles délabrées, structures sanitaires sous-équipées, et infrastructures en retard. Confronter ces réalités au tableau des actifs du dossier, palaces étrangers, avions privés, champs pétroliers, crée une tension morale et politique. L’affaire pousse à réfléchir à la redistribution, à la priorisation des dépenses publiques et à la manière dont le contrôle citoyen peut être institutionnalisé.

spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img

Derniers Articles