Le secteur du bois a connu un fort rebond en aval au premier trimestre 2025. La production de sciage a progressé de +28,5% par rapport au trimestre précédent, le placage de +12,7% et le contreplaqué de +11,6%. En volume, pour une scierie qui produisait 10000 m³ par trimestre, cela équivaut à 2850 m³ supplémentaires en sciage, 1270 m³ en placage et 1160 m³ en contreplaqué. Ces chiffres traduisent une reprise homogène et robuste de la transformation locale.
Cette performance est d’autant plus notable que la production de grumes, en amont, a reculé de -5,3% au premier trimestre 2025 en raison des pluies et du manque de wagons sur le Transgabonais. Autrement dit, alors que les volumes bruts stagnent ou baissent, les industries locales parviennent à tirer davantage de valeur en transformant davantage de bois disponible. Cette orientation vers la transformation est en ligne avec la politique de bannissement de l’export brut instaurée en 2010.
En termes financiers, si l’on considère qu’un mètre cube de grume exportée rapporte environ 100000 fcfa, alors que le même volume transformé en sciage rapporte jusqu’à 250 000 fcfa, le gain de valeur est considérable. Sur la hausse de 2850 m³ de sciage du premier trimestre 2025, ce qui représente près de 430 millions de fcfa de valeur ajoutée supplémentaire pour l’économie nationale.
Le gouvernement dans son document de cadrage économique insiste sur cette stratégie de montée en gamme, soulignant que le bois transformé représentait déjà plus de 40% des exportations forestières en 2024. La Banque mondiale, de son côté, rappelle que le Gabon pourrait multiplier par deux ses recettes dans la filière bois si la transformation atteignait 100% des volumes exploités. L’enjeu est donc de pérenniser et d’accélérer cette tendance.
Cependant, les contraintes logistiques restent un frein d’où la volonté du président de mettre en place une société nationale de transit. Toutefois suffira t-elle?. Les difficultés ferroviaires et portuaires limitent la compétitivité des entreprises de transformation, qui subissent des retards coûteux. Sans amélioration des infrastructures, le risque est que la dynamique positive du T1-2025 s’essouffle. Le bois transformé a montré son potentiel, mais il reste tributaire d’une logistique fluide et d’investissements dans la modernisation industrielle.