Le PIB gabonais devrait croître de 3% en 2025, mais le revenu réel des ménages continue de reculer. Selon les statistiques nationales, le pouvoir d’achat moyen a baissé de 4% sur la période 2023-2025. Cette divergence traduit un déséquilibre structurel : la richesse créée par l’économie nationale ne bénéficie pas aux citoyens. C’est ce que vient de révéler la Banque mondiale dans un rapport d’une rare franchise.
La fiscalité est un facteur central. La TVA, par exemple, devrait rapporter 398,8 milliards de fcfa en 2026, ce qui en fait la première source de recettes fiscales. Mais pour 20% des entreprises, cette fiscalité devient le principal frein à l’investissement. Les PME, représentant 80% du tissu économique hors pétrole, voient leurs marges amputées et reportent souvent leurs expansions et recrutements.
La dépense publique continue de croître, notamment dans les infrastructures, avec des investissements annuels dépassant 500 milliards de fcfa depuis 2020 avec un pic à plus de 2000 milliards attendu en 2026. Pourtant, la consommation des ménages reste négative depuis 2016. Cela signifie que chaque franc dépensé par l’État ne se traduit pas en croissance domestique.
La hausse du PIB masque une autre dynamique inquiétante : le salaire moyen reste stagnant autour de 450000 fcfa par mois pour le secteur formel, et le revenu disponible diminue pour les ménages hors pétrole. Les dépenses contraintes, alimentation, énergie, transport, absorbent la majeure partie du budget familial et devraient elles aussi connaître un pic sans précédent en 2026 face à la hausse des taxes. Le commerce, l’artisanat et les services urbains sont directement impactés.
Les indicateurs de consommation montrent que 60% des foyers gabonais réduisent leurs achats non essentiels. Pendant ce temps, les dépenses publiques continuent de croître : près de 80% des investissements dans les infrastructures sont alloués à la construction, et moins de 20% à la maintenance. Résultat : l’État dépense, mais la croissance réelle reste inférieure à 1% hors pétrole.
Alors que le PIB affiche +3%, le pouvoir d’achat recule. Les autorités annoncent des plans pour améliorer les revenus et soutenir la consommation. Mais ces réformes pourront-elles réellement inverser la tendance ? Les politiques salariales et fiscales prévues suffiront-elles à relancer la demande interne et à réconcilier croissance et pouvoir d’achat ? Le pays peut-il sortir de ce paradoxe sans repenser le partage des richesses et la redistribution ?








