L’escale d’Emmanuel Macron à Libreville, le 23 novembre 2025, a été plus qu’un geste protocolaire. 21 coups de canon, revue des troupes et défilé militaire, le président français a eu droit à tous les honneurs pour ses quelques heures de visite. Mais derrière les accolades et les salves de canon, la France à voulu réaffirmer son influence économique dans un Gabon en pleine recomposition. Certains observateurs ironisent sur la proximité affichée entre les deux présidents, qualifiant Macron de “papa” d’Oligui Nguéma. Si cette expression relève davantage d’une interprétation critique que d’un terme officiel, elle reflète néanmoins une relation où le chef de l’État français apparaît comme un soutien stratégique incontournable pour le “nouveau Gabon”.

Des enjeux économiques réels et massifs

Derrière ce symbolisme, les enjeux économiques sont réels et massifs. Macron est arrivé avec une délégation d’hommes d’affaires et d’industriels français, prêts à investir dans les secteurs clés : transports, mines, énergie et infrastructures. Airbus, déjà présent dans le renouvellement de la flotte de Fly Gabon, illustre le volet aérien et logistique de ce partenariat. Les discussions autour du Transgabonais et des ports renforcent la volonté française de sécuriser les infrastructures critiques qui soutiennent l’exportation minière.

Dans les mines, Eramet continue de jouer un rôle central. L’opérateur historique du manganèse incarne le pilier industriel français au Gabon, et sa survie dépend de la stabilité des infrastructures et de la continuité des relations diplomatiques. Cette “paternité économique” que l’on prête à Macron se traduit concrètement par le soutien à des investissements structurants qui garantissent le maintien de la compétitivité des projets extractifs.

Un équilibre subtil entre symboles et intérêts économiques

Le volet énergie et services complète ce tableau. Suez investit dans la modernisation de la distribution d’eau potable, tandis que Saint-Gobain PAM fournit les canalisations nécessaires aux infrastructures de demain. Derrière le cérémonial, Paris mise sur des projets tangibles capables d’apporter un impact immédiat au Gabon tout en consolidant la présence française sur des secteurs stratégiques.

La visite de Macron illustre un équilibre subtil entre symboles et intérêts économiques. Libreville affirme sa souveraineté, mais la France conserve ses leviers dans les secteurs clés. Cette escale rapide montre que derrière les sourires et la mise en scène, les vrais enjeux sont financiers : sécuriser les investissements français tout en accompagnant la montée en puissance économique du Gabon, dans une relation qui oscille entre coopération et dépendance assumée.