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Gabon : Anges Kevin Nzigou, de pourfendeur du système Bongo à bras droit d’Oligui Nguéma

le coup de coeur

Le paysage politique gabonais vient d’être secoué par un nouveau coup de théâtre : Maître Anges Kevin Nzigou, avocat et figure de l’opposition, vient de quitter son Parti Pour le Changement (PLC) avec fracas, dénonçant une « dérive opportuniste » de son ancienne formation. Un départ qui ne passe pas inaperçu, d’autant plus qu’il s’accompagne d’un ralliement immédiat au Rassemblement des Bâtisseurs (RDB), mouvement politique lancé par Brice Clotaire Oligui Nguema, et dont il a été désigné Coordinateur général il y a moins de 48 heures.

Si ce revirement peut surprendre, il s’inscrit pourtant dans une évolution amorcée depuis plusieurs mois. Longtemps l’un des opposants les plus tranchants au régime Bongo-PDG, Maître Nzigou avait déjà marqué un tournant lors du référendum constitutionnel de 2024, où il avait contre toute attente, appelé à voter « Oui », validant ainsi les réformes portées par la transition, malgré les nombreuses irrégularités constatées par des constitutionnalistes gabonais. À l’époque, cette prise de position avait jeté le trouble au sein de son camp, certains y voyant un début de rapprochement avec le pouvoir en place. Son engagement dans le RDB semble aujourd’hui confirmer ce virage à 360 degrés, transformant l’ancien pourfendeur du système en un de ses nouveaux architectes.

Une rupture assumée avec l’opposition

Dans sa lettre de démission adressée au secrétaire général du PLC, le ton est sans équivoque. « Nos valeurs ne sont plus alignées. Je refuse d’être complice de cette dénaturation de notre combat. » Une manière pour Nzigou de justifier son départ en rejetant la responsabilité sur ses anciens camarades, qu’il accuse implicitement d’avoir perdu la boussole idéologique. Mais cette explication peine à convaincre. Difficile d’ignorer la coïncidence troublante entre sa nomination au sein du RDB et sa démission expresse. 

Ce changement de camp, qui s’est accompagné d’une vague de démissions collectives de plusieurs sections du PLC, laisse penser que la décision était mûrement réfléchie. Libreville, Mouila, Moanda, Franceville, Lambaréné, mais aussi Dakar et Marseille : autant de bastions où l’empreinte de Nzigou était forte et qui, aujourd’hui, semblent suivre son sillage. Ce basculement massif pose une question centrale : l’avocat a-t-il été convaincu par la vision d’Oligui Nguema ou a-t-il simplement jugé que son avenir politique ne pouvait plus s’écrire en marge du pouvoir ?

Le positionnement d’Anges Kevin Nzigou au sein du RDB pourrait être interprété comme une tentative de peser directement sur les décisions politiques du pays où simplement de prendre sa “part du gâteau”. En s’associant à un mouvement naissant, porté par un président de transition qui devrait l’emporter avec un score soviétique au regard des leviers dy pouvoir dont il dispose, il s’offre une place de choix dans la reconfiguration du paysage politique gabonais. Oligui Nguema, dans sa tribune, justifie cette nomination par la volonté de rassembler des figures emblématiques capables d’apporter « rigueur et transparence » à la gestion publique. Un discours qui, sur le papier, semble résonner avec l’ADN politique de Nzigou.

Mais cette stratégie n’est pas sans risque. Si sa présence au sein du RDB peut donner du crédit au mouvement auprès d’une partie de la population, elle pourrait aussi lui coûter son électorat historique, attaché à une opposition ferme. Déjà, lors du référendum, son soutien au projet constitutionnel avait semé le doute sur la sincérité de ses positions. Aujourd’hui, son ralliement à un mouvement piloté par Oligui Nguema alimente un procès en opportunisme qui pourrait entamer sa crédibilité.

D’un opposant radical à un acteur clé de la transition, le chemin parcouru par Anges Kevin Nzigou est spectaculaire. Certains y verront une preuve de réalisme politique, une capacité à comprendre que l’opposition systématique ne suffit plus et que les réformes doivent aussi être portées de l’intérieur. D’autres, en revanche, y liront un abandon pur et simple de ses anciens idéaux. L’histoire récente de la politique gabonaise est jalonnée de figures ayant effectué des revirements spectaculaires. Mais combien ont réussi à conserver leur intégrité en opérant un tel changement de cap ? Anges Kevin Nzigou sera-t-il perçu comme un bâtisseur ou comme un renégat ? Une chose est certaine : à un mois de la présidentielle, son rôle au sein du RDB sera scruté avec attention, et son pari politique mis à l’épreuve des urnes.

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