La Journée de la Finance organisée le 25 juillet 2025 à Libreville a mis en lumière une triangulation incontournable : celle entre les bailleurs de fonds, les banques commerciales locales, et l’État gabonais. À l’heure où le Gabon prépare son Plan national de Croissance et de Développement, la question du financement devient centrale. Il ne s’agit plus seulement de mobiliser des fonds, mais de structurer une offre financière cohérente, adaptée aux besoins du tissu économique national.
Le secteur bancaire gabonais reste encore trop frileux vis-à-vis des PME, qui forment pourtant l’essentiel du tissu économique. Moins de 15% des crédits bancaires sont aujourd’hui orientés vers les petites et moyennes entreprises. Cette situation découle de plusieurs facteurs allant de l’insuffisance des garanties, au coût élevé du crédit, en passant par un manque de structuration comptable dans les entreprises elles-mêmes. La présence de l’APEC à cette rencontre montre que la réforme du crédit domestique est désormais à l’agenda.

De leur côté, les partenaires techniques et financiers ont insisté sur leur volonté d’aligner leurs interventions sur les priorités nationales. Mais cet alignement suppose la production de projets bancables, bien instruits, techniquement solides et porteurs d’impact. La faiblesse des capacités d’ingénierie financière et d’évaluation socio-économique dans l’administration limite aujourd’hui la qualité des dossiers présentés aux bailleurs.
Un autre enjeu clé réside dans les instruments financiers innovants. Obligations vertes, garanties partielles de crédit, fonds souverain d’investissement productif : autant d’outils évoqués, mais encore peu mobilisés. Une meilleure ingénierie financière pourrait permettre d’amplifier les ressources disponibles, sans nécessairement alourdir la dette publique, qui atteint déjà des seuils préoccupants.
L’architecture de financement du Gabon doit donc évoluer vers un modèle plus intégré. Il ne suffit plus que l’État emprunte, ou que les bailleurs financent en direct des projets sectoriels. Il faut peut-être une logique de partenariat structuré, où les banques commerciales deviennent des relais efficaces, et où l’État joue le rôle de catalyseur plutôt que de seul porteur. Le financement du Gabon nouveau exige une ingénierie publique moderne et une confiance restaurée.








