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Gabon : campagne et finances publiques : une frontière de plus en plus floue

le coup de coeur

À mesure que la campagne présidentielle bat son plein, une question revient avec insistance : où s’arrête l’argent de l’État et où commence celui du candidat indépendant Brice Clotaire Oligui Nguéma ? La distribution de gadgets de campagne à grande échelle, la mobilisation de moyens logistiques impressionnants et le flou entourant les sources de financement nourrissent les interrogations. Une ligne extrêmement fine semble exister entre les comptes de campagne et les finances publiques, d’autant que le ministère en charge de ces questions n’a toujours pas présenté la clé de répartition des 27 milliards alloués au dernier référendum par exemple.

Obligation de transparence

La Cour des comptes a récemment rappelé aux candidats leurs obligations en matière de transparence financière. Selon les articles 109 et 110 du code électoral, chaque candidat doit désigner un mandataire financier et soumettre ses comptes à la Cour après l’élection. Pourtant, dans un pays où les institutions de contrôle ont souvent manqué de mordant, ces règles sont-elles réellement appliquées ?

Financement occulte ou ressources de l’Etat ?

Le spectre d’un financement occulte plane sur cette élection. L’utilisation des ressources de l’État pour une campagne électorale n’est pas une nouveauté au Gabon, mais dans un contexte de transition censée incarner la rupture, cela suscite d’autant plus de questions. Comment expliquer que des t-shirts, des casquettes et d’autres matériels de campagne soient distribués massivement aux agents publics sans qu’aucun détail sur leur provenance ne soit communiqué ?

Les précédents historiques ne plaident pas en faveur d’une gestion rigoureuse des fonds publics en période électorale. La confusion entre État et parti a longtemps été une norme. Si la transition avait pour ambition de rompre avec ces pratiques, les faits observés sur le terrain montrent une continuité troublante. L’élection du 12 avril pourrait ainsi se jouer sur une question simple : le peuple gabonais acceptera-t-il encore longtemps que les ressources publiques soient mobilisées au profit d’un seul camp ? Si la réponse est non, le scrutin pourrait réserver des surprises.

Le rôle de la Cour des comptes

Bien que ces interrogations sur le financement de la campagne d’Oligui Nguéma et la gestion des deniers publics soulèvent des préoccupations légitimes, il convient de rappeler que la transparence financière en période électorale est un défi récurrent au Gabon. Dans le passé, d’autres scrutins ont été marqués par des zones d’ombre sur l’origine des fonds utilisés. Si le flou autour des 27 milliards du référendum et la distribution de gadgets à l’effigie du candidat indépendant posent question, il appartient désormais aux institutions de contrôle, notamment la Cour des comptes, de veiller à l’application stricte des règles établies. Dans un pays où la demande de redevabilité devient de plus en plus pressante, la crédibilité du processus électoral dépendra en grande partie de la capacité des autorités à dissiper ces doutes et à garantir des élections véritablement équitables.

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