Alors que la coopération sino-gabonaise s’intensifie avec des projets d’envergure dans les secteurs des infrastructures, de l’énergie et des ressources naturelles, plusieurs défis pourraient freiner la réalisation de cette ambition. L’Indice Mo Ibrahim 2024 sur la gouvernance en Afrique met en exergue certains aspects de la gouvernance du Gabon qui nécessitent une attention particulière pour garantir le succès des projets de partenariat avec la Chine.
Le premier obstacle réside dans la lutte contre la corruption, un point de faiblesse récurrent dans le rapport Mo Ibrahim. Malgré des efforts pour assainir certaines sphères de l’administration publique, la corruption reste profondément enracinée au Gabon. Dans le cadre des projets d’envergure avec la Chine, comme le barrage hydroélectrique de Booué ou le Corridor de Belinga, une gestion peu transparente pourrait entraîner des détournements de fonds ou des retards dans la réalisation des infrastructures. Le rapport appelle donc à un renforcement des mécanismes de contrôle et à une meilleure reddition des comptes pour garantir que les investissements soient correctement gérés.
Deuxième élément, l’efficacité des institutions publiques qui représente un autre défi important. L’Indice Mo Ibrahim souligne les limites des capacités institutionnelles du Gabon, en particulier en matière de gestion de projets complexes. La mise en œuvre des accords avec la Chine, qui requiert une coordination entre plusieurs ministères et agences techniques, pourrait être compromise par des dysfonctionnements administratifs et des retards bureaucratiques. Il est donc essentiel de renforcer les institutions pour assurer un suivi rigoureux des projets et garantir le respect des échéances.
La transparence dans les marchés publics est également un enjeu crucial. Le rapport Mo Ibrahim 2024 montre que les procédures de passation des marchés au Gabon souffrent de nombreuses irrégularités. Avec les investissements massifs promis par la Chine, la transparence dans l’attribution des contrats de construction et la gestion des ressources est primordiale pour éviter les pratiques illicites. Sans une amélioration de ces procédures, il existe un risque de voir des projets mal exécutés ou de qualité inférieure, ce qui affecterait l’efficacité des investissements chinois.
Le développement durable des projets est également un facteur à considérer. L’Indice Mo Ibrahim souligne que la gestion des ressources naturelles au Gabon nécessite une meilleure intégration des considérations environnementales. La Chine, impliquée dans des secteurs comme les mines et l’énergie, devra veiller à respecter les normes environnementales pour éviter des impacts négatifs sur les écosystèmes gabonais. Le Gabon, soucieux de préserver son rôle de leader environnemental, doit concilier ses ambitions de développement avec la protection de son patrimoine naturel.
Dernier point et non des moindres, l’endettement. Il représente un autre défi majeur. Le recours à des financements massifs, notamment via Eximbank, pourrait alourdir la dette extérieure du Gabon, comme le souligne le rapport. Une gestion prudente des ressources et des projets est nécessaire pour éviter une dépendance excessive vis-à-vis de la Chine et assurer que ces investissements contribuent réellement au développement économique durable du pays. Autant de failles qu’il faudra scruter pour qu’enfin des projets d’envergure voient le jour dans le pays.