Le groupe indien Coalsale, via sa filiale gabonaise Nouvelle Gabon Mining (NGM), franchit une nouvelle étape stratégique avec l’annonce de la construction d’une unité industrielle de transformation de manganèse d’une capacité de 70 000 tonnes par an. Située dans le Haut-Ogooué, cette installation vise à produire localement des alliages comme le ferromanganèse et le silicomanganèse, en réponse à la décision du gouvernement gabonais d’interdire toute exportation de minerai brut à partir de 2029. Ce projet conforte l’ambition du Gabon de renforcer la chaîne de valeur locale dans l’exploitation de ses ressources minières.
Cette dynamique s’inscrit dans le sillage du nouveau code minier gabonais promulgué en 2019, qui cherche à rééquilibrer les bénéfices entre investisseurs privés et État, tout en incitant à l’industrialisation locale. Coalsale Group a été le premier acteur étranger à signer, dès janvier 2020, un contrat d’exploitation et de partage de production (CEPP) avec l’État, portant sur le gisement d’Okondja. L’accord prévoit une durée de vie de 20 ans pour la mine et une production annuelle maximale d’un million de tonnes de minerai, dont une partie pourra désormais être transformée localement grâce à la future unité métallurgique.
La montée en puissance de NGM sur la transformation s’ajoute à une scène concurrentielle nationale déjà dense. Le leader du secteur, Comilog (filiale d’Eramet), dispose de capacités installées à Moanda, mais ses unités de transformation ne tournent pas encore à plein régime. De son côté, la compagnie chinoise CICMHZ, active à Ndjolé, reste pour l’instant focalisée sur l’extraction, sans activité de transformation industrielle significative. L’entrée en jeu de Coalsale dans la métallurgie relance donc la compétition et pourrait inciter les autres acteurs à accélérer leur transition.
Mais le succès de cette stratégie dépendra fortement de la capacité du pays à sécuriser les infrastructures nécessaires, notamment l’accès à l’énergie, encore fragile dans plusieurs zones minières. Les unités de transformation sont particulièrement énergivores, et le raccordement aux barrages comme celui de Grand Poubara s’avère essentiel. Par ailleurs, la gouvernance du secteur est en recomposition : la Société Équatoriale des Mines (SEM), partenaire public dans plusieurs projets, a vu sa direction renouvelée récemment pour renforcer la transparence et l’efficacité dans le suivi des conventions minières.
Avec ce projet ambitieux, Coalsale Group affiche clairement sa volonté de s’ancrer dans la durée au Gabon, en intégrant les exigences de transformation locale et en anticipant les contraintes réglementaires à venir. Pour le gouvernement, cette initiative représente une étape clé dans la diversification de son économie et la captation de valeur ajoutée industrielle. Reste à concrétiser les investissements et à créer un environnement propice à une industrialisation durable, où la richesse minière ne se limite plus à l’extraction, mais s’inscrit pleinement dans le développement national.