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Gabon : croissance à deux chiffres, une trop grande ambition ?

le coup de coeur

Pendant deux jours, le Gabon Economic Forum a rassemblé à Libreville ministres, investisseurs, experts et chefs d’entreprise autour d’un objectif affirmé haut et fort. Le pays veut atteindre une croissance économique d’au moins 10% par an. Pour y parvenir, le gouvernement dit vouloir miser sur les filières à fort potentiel tout en rationalisant les incitations fiscales, en relançant les investissements productifs et en alignant la politique budgétaire sur des principes de performance et de transparence. Un cap ambitieux, porté par Henri-Claude Oyima, ministre de l’Économie, qui a même parlé d’« urgence vitale ».

Orienter les financements publics vers des projets structurants

Entre les recommandations formulées au Forum et les chiffres du Document de Cadrage Macroéconomique 2026–2028, le fossé est profond. Le gouvernement prévoit lui-même une croissance moyenne de 3,3% sur les trois prochaines années. Aucune projection macroéconomique ne dépasse les 5%, même en cumulant les meilleures performances sectorielles. Comment, dès lors, expliquer un objectif de 10% sans réformes fiscales structurelles, sans investissements massifs programmés, ni transformation accélérée du tissu productif ?

L’un des engagements forts du Forum était d’orienter les financements publics vers des projets structurants. Or, les dépenses d’investissement restent limitées à 409,5 milliards de fcfa par an, soit à peine 15% du budget total. Pire, à fin mars 2025, le taux d’exécution des investissements publics plafonnait à moins de 5%, signe d’une administration inefficace. Dans ces conditions, relancer la transformation locale, développer des zones économiques spéciales ou renforcer la production nationale paraît hors de portée sans réforme de fond de l’État lui-même.

Réformer l’administration publique

Le Forum a également insisté sur la nécessité de réformer l’administration publique et de maîtriser les finances. Mais le solde budgétaire global devrait s’enfoncer à -11,7% du PIB d’ici 2028, selon les projections du même gouvernement. Le recours continu aux emprunts domestiques (près de 590 milliards par an), couplé à la persistance des arriérés et à l’accumulation de dettes sociales, rend ce programme quasi irréalisable. Une croissance de 10%, dans ce contexte, relève plus du fantasme que d’un scénario fondé.

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