Les hauts fonctionnaires gabonais n’ont plus le choix : ils ont jusqu’au 20 février pour déposer leur déclaration de biens auprès de la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI). Inspecteurs généraux, secrétaires généraux de ministères et directeurs généraux sont tous concernés. L’objectif ? Moraliser l’administration et renforcer la transparence, une priorité affichée par les autorités de transition.
L’annonce a été faite le 11 février, lors d’une session de sensibilisation au ministère de l’Économie et des Participations. Mais la pression s’est réellement accentuée après deux événements majeurs. Le premier est le coup de gueule du président Brice Clotaire Oligui Nguema en janvier. Lors des vœux à la Nation, il dénonçait les tentatives de certains fonctionnaires de réintroduire les détournements de fonds et les pratiques douteuses du passé.
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Le second est le rappel à l’ordre du Premier ministre Raymond Ndong Sima le 28 janvier dernier. Il a convoqué les hauts responsables administratifs pour leur rappeler que cette déclaration n’était pas une option, mais une obligation légale. Le contexte de cette exigence est marqué par un scandale récent : le contrat entre l’État gabonais et la société turque Karpowership. Cette entreprise, spécialisée dans les centrales électriques flottantes, devait fournir de l’électricité à Libreville pour 12 milliards de fcfa par mois.
Gestion plus transparente des finances publiques
Face à la grogne populaire et aux accusations de pots-de-vin relayées par le journal L’Union, le président Oligui Nguema a annoncé le 5 février une renégociation du contrat. Résultat : une fourniture revue à 70 MW pour un coût réduit. Cette affaire a remis au premier plan la nécessité d’une gestion plus transparente des finances publiques.
Une loi oubliée depuis plus de 20 ans
Cette obligation de déclaration de biens n’a cependant rien de nouveau. Elle est prévue par la loi depuis 2003, mais elle a été largement ignorée par les fonctionnaires pendant plus de 20 ans. Pourtant, les sanctions existent. 50000 fcfa dès la première mise en demeure, 100 000 fcfa après la troisième mais également la possibilité de révocation pour les plus récalcitrants.
Mais dans la réalité, la CNLCEI a toujours eu du mal à faire appliquer cette loi. « Malgré les campagnes de sensibilisation, beaucoup de fonctionnaires refusent encore de se conformer à cette exigence légale », a déploré son président, Nestor Mbou, relayé par plusieurs de nos confrères. Avec cette nouvelle date butoir et la fermeté affichée par le gouvernement, l’État gabonais montre qu’il ne veut plus tolérer les dérives du passé. Reste à voir si les hauts fonctionnaires vont réellement se conformer à la loi ou si cette initiative connaîtra le même sort que les précédentes.