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Gabon : des exonérations fiscales en guise de subvention pour les importateurs?

le coup de coeur

Dans une manœuvre aux allures de générosité sociale, le gouvernement gabonais a suspendu pour six mois les droits et taxes à l’importation sur des produits de première nécessité dans le Grand Libreville. Mais derrière l’affichage, c’est une mécanique bien huilée qui semble se mettre en place au profit des mêmes acteurs et notamment des importateurs. Quatre communes ciblées : Libreville, Owendo, Akanda, Ntoum. La nouvelle mesure du gouvernement est circonscrite dans un périmètre bien défini. Mais pourquoi pas les autres ? Le choix géographique de cette exonération est révélateur d’un ciblage politique plutôt qu’économique. Dans le Woleu-Ntem, la Ngounié ou l’Ogooué-Ivindo, les familles ne font-elles pas face aux mêmes réalités conjoncturelles ?

En effet, en ciblant uniquement le Grand Libreville, l’État gabonais semble assumer une discrimination spatiale, accentuant les fractures territoriales et ignorant l’essence même du problème : l’inefficience des circuits d’approvisionnement nationaux. Mieux encore, malgré la multiplication d’allègements fiscaux, les produits alimentaires ne connaissent aucune diminution notable sur les marchés. Et pour cause : les marges bénéficiaires, déjà confortables, ne sont jamais encadrées. 

LIRE AUSSI : Gabon : après la mercuriale, des exonérations fiscales contre la vie chère, mais pour quels résultats ?

Aucune contrainte n’a été imposée aux importateurs détenteurs de “l’Agrément Vie Chère”. Résultat : ces exonérations fiscales annoncées deviennent de simples subventions déguisées aux grands distributeurs, dont plusieurs sont des groupes d’origine étrangère contrôlant tout : du port à la vente au détail. Cette décision s’empile sur une mercuriale des prix déjà en vigueur.

Dans le même temps, les contrôles notamment de la DGCCRF sont quasi inexistants, les amendes dissuasives jamais appliquées, et les plaintes des consommateurs rarement suivies. Tout ceci dans un pays où les subventions de l’État dépassent les 100 milliards de fcfa en 2024, sans que cela ne se traduise par un soulagement concret pour les populations.

Ce système crée une forme de dépendance entre l’État et des oligopoles de la distribution. Pendant que les exonérations s’accumulent, les recettes fiscales s’érodent, et les vraies réformes comme la relance de la production locale, la régulation des marges ou la décentralisation logistique sont repoussées. 

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