La dépendance du Gabon au pétrole demeure l’un des principaux obstacles à une croissance inclusive et durable. Malgré les efforts engagés ces dernières années pour promouvoir d’autres secteurs, l’économie nationale reste vulnérable aux chocs exogènes liés aux cours mondiaux du brut. Cette forte exposition a régulièrement entraîné des déséquilibres budgétaires en période de baisse des prix, compromettant la stabilité macroéconomique. La diversification de l’économie s’impose donc comme un impératif stratégique, tant pour réduire cette dépendance que pour élargir la base productive nationale.
Le secteur non pétrolier peine à prendre le relais, malgré le potentiel avéré dans l’agriculture, le bois, les mines ou le tourisme. L’environnement des affaires reste perçu comme peu attractif, en raison de lourdeurs administratives, de la fiscalité instable et du manque d’infrastructures logistiques modernes. Par ailleurs, la formation professionnelle reste insuffisamment adaptée aux besoins réels du marché, limitant la compétitivité de secteurs porteurs comme l’agro-industrie ou les services numériques. Pourtant, des initiatives comme la Zone économique spéciale de Nkok ou les efforts pour valoriser les filières agricoles existent, mais peinent encore à produire des effets d’entraînement à grande échelle.
Production pétrolière en chute
Le secteur pétrolier représentait encore 35 % du PIB et 85 % des exportations gabonaises en 2023, selon les chiffres de la Banque mondiale. Cependant, la production nationale a chuté de 17 % entre 2020 et 2024, passant de 11 millions à 9,1 millions de barils, selon le FMI. Dans le même temps, le secteur du bois, deuxième source d’exportation, stagne à cause d’un manque de transformation locale et d’irrégularités dans la chaîne logistique. Le FMI prévoit une croissance de seulement 1,6 % à long terme, si aucune politique active de diversification n’est mise en œuvre dans les secteurs de l’agriculture, du tourisme, des mines ou de la finance numérique.
Bâtir une stratégie cohérente
Pour enclencher une véritable dynamique de diversification, le gouvernement devra bâtir une stratégie cohérente, adossée à un calendrier précis et à des incitations fiscales ciblées. Cela suppose de réformer en profondeur les institutions de soutien au secteur privé, de renforcer l’accès au financement pour les PME, et de sécuriser les investissements privés dans les filières non extractives. Une relance des partenariats public-privé, associée à une diplomatie économique proactive, pourrait aussi repositionner le Gabon comme un hub régional de services ou de production. La transition vers une économie verte, fondée sur la valorisation durable des ressources naturelles, offre également une piste sérieuse.
Des attentes et espoirs
À cet égard, la présidence Oligui Nguema est attendue au tournant. L’acte de diversification ne peut être réduit à des slogans : il appelle des choix courageux, des réformes structurelles profondes et une transparence accrue dans la gestion des ressources. À moyen terme, la réussite de ce chantier conditionnera non seulement la stabilité économique du pays, mais également la capacité du régime à tenir sa promesse d’un Gabon plus équitable, moins dépendant, et tourné vers l’innovation.