Depuis quelques jours, une affirmation circule largement : le Gabon aurait aménagé 1950 km de routes en seulement 19 mois sous la présidence d’Oligui Nguema. Une annonce faite par le général-président himself au terme d’un roadshow médiatique, qui, si elle était avérée, marquerait un tournant historique dans le développement des infrastructures du pays. Sauf que voilà, au-delà de l’effet d’annonce, deux questions essentielles se posent : parle-t-on d’un projet futur ou d’un bilan déjà accompli ? Le président s’est-il tout simplement trompé de chiffres?
Que dit le PNDT ?
Les documents officiels, notamment le Plan national de développement des transports (PNDT) 2024-2026, permettent de mieux comprendre la situation. Ce programme recense les principaux chantiers routiers prévus, mais l’avancement réel des travaux reste limité. Parmi les projets majeurs, la modernisation de la Transgabonaise, l’axe Port-Gentil – Omboué et la route Koulamoutou – Lastoursville sont loin d’être finalisés. C’est le moins que l’on puisse dire. Certains travaux ont même à peine débuté, faute de financements suffisants.
Si 1950 km de routes avaient effectivement été aménagés, cela représenterait une cadence de construction d’environ 100 km par mois, un rythme rarement atteint même dans les pays disposant d’infrastructures et de moyens bien plus conséquents. Pour donner un ordre d’idée, la construction d’une route bitumée au Gabon coûte entre 300 millions et 1 milliard de fcfa par kilomètre. Cela signifierait un investissement d’au moins 600 milliards de fcfa, un montant qui ne semble pas apparaître dans les budgets officiels. De plus, les infrastructures routières existantes, notamment dans les provinces de l’Ogooué-Ivindo et de la Nyanga, restent dans un état critique, avec de nombreux axes toujours impraticables en saison des pluies.
Des faits concrets
Les interrogations se multiplient également au sein de la classe politique. Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre, n’a pas manqué de relever l’incohérence de cette annonce en déclarant : « Où sont ces routes ? Si on a construit 1900 km de routes en 19 mois, cela signifie que nous avons construit 100 km de routes par mois. » Une remarque qui met en lumière l’écart entre la communication officielle et la réalité observable sur le terrain.
Alors, s’agit-il d’un objectif ambitieux à atteindre dans les années à venir ou d’une réalisation déjà effective ? L’ambiguïté entretenue autour de ces 1950 km interroge sur la transparence et la crédibilité des annonces gouvernementales. Si le développement des infrastructures routières est une priorité pour le Gabon, encore faut-il que les promesses faites reposent sur des faits concrets et vérifiables.
