Le ministre gabonais du Pétrole, Sosthène Nguema Nguema, a frappé fort à Port-Gentil. Dans une déclaration aux allures de rupture stratégique, il a annoncé la baisse progressive, et même la suppression totale des bonus de signature pour les projets d’exploration en offshore profond. Cette mesure, rarement adoptée dans la sous-région, pourrait marquer un changement profond dans la façon dont l’État entend attirer les investissements pétroliers. Elle vise à relancer l’intérêt des compagnies, nationales comme étrangères, face à un environnement géologique sous-exploré mais prometteur.
Traditionnellement, les bonus de signature sont des paiements immédiats exigés des entreprises à la signature de contrats d’exploration, souvent considérés comme des barrières d’entrée lourdes dans un contexte d’incertitude géologique. Le Gabon prend donc une option audacieuse : renoncer à des revenus immédiats pour parier sur des gains futurs, issus d’explorations plus nombreuses, plus profondes et plus risquées. Un pari osé mais stratégique, dans un pays où 72% du domaine pétrolier reste inexploré.
Selon les propos du ministre, cette réforme est dictée par une logique d’attractivité à long terme. Elle s’aligne sur les évolutions du secteur à l’échelle mondiale, notamment les exigences croissantes des investisseurs en matière de rentabilité et de flexibilité. « L’État prévoit des mesures importantes, notamment la suppression totale des bonus pour les projets en offshore profond », a-t-il précisé, en faisant écho à la feuille de route du président, Brice Clotaire Oligui Nguema.
Mais cette décision ne va pas sans risques. À court terme, elle implique une perte de recettes immédiates pour l’État, dans un contexte budgétaire déjà contraint. Toutefois, si elle s’accompagne d’une hausse significative des investissements exploratoires, elle pourrait relancer la production, redynamiser la chaîne de valeur locale et faire du Gabon une destination de référence pour les grands opérateurs du secteur. Encore faut-il que les autres conditions suivent.
Cette réforme pourrait donc marquer un tournant. Elle repositionnerait le Gabon sur l’échiquier régional, entre une Guinée équatoriale à l’offre généreuse et un Congo au régime fiscal strict. En choisissant de lever un verrou structurel, le pays prend le risque d’investir dans l’avenir plutôt que de consommer le présent. C’est une stratégie à suivre de près, car elle pourrait bien transformer le jeu énergétique en Afrique centrale.