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Gabon : entre prudence et méfiance, le duel silencieux entre Oligui et Opiangah s’intensifie-t-il ?

le coup de coeur

À un mois de la présidentielle, un affrontement feutré se joue entre Brice Clotaire Oligui Nguéma et son ancien ministre Hervé Patrick Opiangah. Jusqu’à sa tentative d’arrestation brutale, avec un déploiement inapproprié des forces de défense et de sécurité, y compris la Garde Républicaine et les services spéciaux de la Présidence de la République, l’homme fort de l’UDIS n’a pas dit son dernier mot. Dans une déclaration cinglante, son parti accuse le pouvoir d’une manœuvre politique et met en cause la Direction générale des Services spéciaux (DGSS), une entité sous l’autorité directe de la présidence et impliquée dans la traque d’Opianga. « Comment se fait-il qu’après un parjure qui offre au discrédit la Nation entière, aucune décision ne soit prise contre les auteurs de cette machination grotesque ? », s’indigne l’UDIS dans une récente déclaration.

Une rupture qui remonte au référendum

Si Opiangah ne s’exprime pas directement, son camp multiplie les interpellations à Oligui Nguéma, l’accusant de contribuer par son silence à écarter un acteur politique influent à l’approche du scrutin. La rupture entre les deux hommes remonte au référendum constitutionnel, lorsque Opiangah a pris tout le monde de court en appelant à voter NON. Sa missive, devenue légendaire, a marqué un tournant : « Monsieur le président, ce n’est pas ce qu’on s’est dit. » En quelques mots, il exposait un désaccord profond avec la ligne du pouvoir. Depuis, le fossé n’a cessé de se creuser, jusqu’à sa convocation et les actes qui l’ont entouré, perçus comme un règlement de comptes politique.

LIRE AUSSI : Affaire  HPO : l’UDIS interpelle le président de la Transition 

Oligui Nguéma, lui, joue la montre. Pour le président de la transition, le risque est double : réhabiliter Opiangah reviendrait à reconnaître une instrumentalisation de la justice, mais laisser traîner l’affaire pourrait aggraver la défiance d’une partie de l’opinion. L’UDIS, de son côté, hausse le ton : « L’UDIS ayant épuisé toutes les voies de recours se réserve le droit d’initier des sit-in et des marches de protestation pour réclamer le retour de son président. » Une menace qui, si elle se concrétise, placerait Oligui dans une situation inconfortable à quelques semaines du scrutin.

Le rôle de la DGSS

Cette affaire met aussi en lumière le rôle trouble des forces de sécurité dans la transition. La DGSS, impliquée dans l’arrestation d’Opiangah, agit en dehors des circuits judiciaires classiques. Qui contrôle vraiment ces services ? Opiangah, malgré son statut d’ancien ministre, a été traité comme un adversaire à neutraliser. De quoi alimenter les soupçons sur la volonté réelle du régime de rompre avec les méthodes du passé.

Dans ce bras de fer, chacun avance ses pions avec prudence. Oligui Nguéma veut éviter un scandale qui pourrait ternir son image avant l’élection, tandis qu’Opiangah et son parti comptent sur la pression populaire pour obtenir réparation. Mais plus l’affaire traîne, plus elle devient un test grandeur nature de l’indépendance de la justice et des limites du pouvoir de la transition. Un mois avant le vote, ce duel à distance pourrait bien peser plus lourd que prévu dans la campagne.

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