Derrière l’annonce phare du ministre Sosthène Nguema Nguema sur les bonus de signature, une autre révolution est discrètement en marche : l’exploration des sites offshores. Le Gabon change de paradigme et concentre désormais ses ambitions pétrolières sur les zones les plus profondes et inexplorées de son domaine maritime. L’objectif est de reproduire les succès du Brésil et de l’Angola dans le pré-salifère, et faire du pays un nouveau géant pétrolier en offshore profond. Le président Oligui Nguéma l’avait déjà laissé entendre à son retour de Washington. Ce virage stratégique est motivé par une réalité géologique incontestable.
Le bassin sédimentaire gabonais présente des analogies frappantes avec ceux du Brésil et du Kwanza angolais, deux zones où des découvertes majeures ont récemment bouleversé les équilibres. Or, le Gabon n’a, jusqu’ici, presque pas investi dans ses zones profondes, alors même que 72% de son domaine pétrolier reste vierge. L’enjeu est donc d’ouvrir de nouveaux champs, relancer la production et rajeunir un portefeuille vieillissant.
Ce pivot vers l’offshore profond est aussi une réponse à l’essoufflement du modèle actuel. La production nationale baisse, faute de nouvelles découvertes, et l’exploration traditionnelle semble avoir atteint ses limites. En investissant dans les grandes profondeurs, le Gabon cherche un nouveau souffle. Mais cela nécessite des technologies avancées, des partenaires solides, et une réforme du cadre réglementaire, ce que le ministre a également évoqué comme priorité.
Le Gabon entend également jouer la carte de l’innovation environnementale. Contrairement aux idées reçues, l’offshore profond, grâce aux technologies de pointe, peut être moins invasif sur le plan écologique que certaines exploitations terrestres. Ce positionnement est un atout pour attirer des majors pétrolières soucieuses de leur empreinte carbone et de leur image. Une opportunité que le pays veut saisir dans un contexte mondial de transition énergétique.
Cette stratégie révèle une autre ambition : celle de faire de Port-Gentil un hub de services et de logistique pétrolière de nouvelle génération, capable de rayonner sur toute la région. Car si les gisements sont sous l’eau, les retombées seront à terre : emploi local, industrie parapétrolière, formation, fiscalité. Le Gabon n’a peut-être pas encore trouvé son gisement miracle, mais il semble avoir trouvé son cap.
