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Gabon : et si le véritable nerf de la guerre n’était pas l’argent, mais la rigueur ?

le coup de coeur

Dans la frénésie autour du PNCD à 10000 milliards de fcfa, un mot essentiel demeure sous-représenté : gouvernance. Or, les indicateurs internationaux montrent que le Gabon accuse un retard structurel en matière de performance institutionnelle. Selon le Ibrahim Index of African Governance, le Gabon atteint un score de 46,6/100 en gouvernance globale, le positionnant 32ᵉ sur 54 pays africains en 2024, sous la moyenne africaine (49,3) mais légèrement au-dessus de la moyenne de l’Afrique centrale (39,9). Injecter massivement des financements dans un système administratif à faibles capacités d’exécution, c’est comme remplir une jarre percée : les fuites risquent de submerger les impacts attendus.

Des failles préoccupantes

Sur le plan de la transparence publique, les failles sont tout aussi préoccupantes. Le Gabon récolte un score de 28/100 dans le CPI 2023 de Transparency International, soit une légère baisse (–1 point) par rapport à 2022, et se classe 136ᵉ sur 180 pays mondialement. Ce positionnement, bien que plaçant le Gabon en tête au sein de la CEMAC, se situe toujours en dessous de la moyenne régionale africaine.

Ces deux référentiels convergent pour indiquer que le défi principal de l’État gabonais ne réside pas uniquement dans le montant des injections financières, mais dans la capacité à les convertir en résultats tangibles. Les expériences passées, comme le PAT, ont démontré que de larges enveloppes budgétaires peuvent rester inefficaces si elles ne sont pas accompagnées de règles claires en passation de marchés, de transparence et de reddition de comptes. Les structures existantes, comme la Cour des comptes ou la Commission nationale anti-corruption, peinent encore à produire une gouvernance fiable.

Une avancée bienvenue

Le Forum économique gabonais, prévu pour suivre chaque année l’exécution budgétaire, est une avancée bienvenue. Toutefois, ce format risque de devenir un simple exercice de communication si les rapports ne sont ni publiés, ni examinés par une société civile active, ni assortis de sanctions effectives. Sans institutions solides et mécanismes de contrôle contraignants, les dérives budgétaires resteront fréquentes, comme le montre la perception publique qui souligne que 80% des Gabonais estiment que la corruption a augmenté, et 35% déclarent avoir versé un pot-de-vin dans la dernière année en 2023.

En définitive, le PNCD peut transformer le pays, mais seulement si le Gabon se dote de la rigueur qui lui manque. Réformer la chaîne de dépense publique, appliquer des critères de performance dans les marchés, renforcer les audits externes et internaliser une culture de sanctions sont des impératifs. Le développement ne se finance pas uniquement avec des milliards, mais avec une gouvernance qui assure l’impact concret de chaque franc dépensé. Économiser sur la rigueur, c’est garantir l’échec, quels que soient les budgets mobilisés.

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