Le projet de budget 2026 du Gabon déclenche l’inquiétude des experts. L’agence de notation Fitch Ratings n’y va pas par quatre chemins. Le plan budgétaire est « irréaliste et risqué ». Selon l’agence, les ambitions de dépenses du gouvernement dépassent largement ses capacités de financement, mettant en péril la stabilité des finances publiques. Le déficit prévu, colossal, atteint 15% du PIB, tandis que la dette publique continue sa spirale ascendante. Dans ce contexte Fitch lance l’alerte.
L’accès à des programmes de soutien international pourrait se compliquer, et la pression sur le Trésor s’accentuer. Le projet prévoit un effort d’investissement sans précédent de 3 321,5 milliards de fcfa, soit presque le double de l’an dernier, destiné aux infrastructures, au logement, à la transition énergétique, au numérique et à l’emploi des jeunes. Une ambition vertigineuse face à des recettes estimées à seulement 3664,1 milliards de fcfa, laissant un maigre reliquat de 95,1 milliards pour couvrir les imprévus.
L’agence cible en particulier la rigidité des dépenses. La masse salariale s’élève à 959,7 milliards de fcfa, et le service de la dette engloutit 1676,7 milliards, incluant 313,4 milliards d’arriérés et 972 milliards d’amortissements en capital. Fitch note que ces charges structurelles écrasent toute marge de manœuvre, rendant quasiment impossible le financement de projets d’investissement ambitieux.
La dépendance du Gabon aux recettes pétrolières est également pointée du doigt. Alors que la production devrait reculer de 3% en 2026, le budget table sur une hausse de 36% des recettes pétrolières, grâce à une augmentation de la part reversée à l’État et à l’acquisition d’Assala Energy par Gabon Oil Company financée par emprunt. Fitch estime que ces projections sont « trop optimistes » et fragilisent davantage le budget.
Enfin, les objectifs de croissance de 7,9% apparaissent déconnectés de la réalité économique. Pour Fitch, ce budget en plus d’être irréaliste et dangereux est tout simplement irresponsable tant il mélange dépenses faramineuses, recettes surestimées et dépendance aux cours du pétrole, créant une équation budgétaire à haut risque. La prudence semble avoir été oubliée dans la course à la grandeur.