L’agence de notation Fitch Ratings ne mâche pas ses mots. Pour elle, le rachat d’Assala Energy par la Gabon Oil Company (GOC), présenté comme un acte de souveraineté économique, cache encore trop de zones d’ombre. Dans son dernier rapport publié le 3 octobre 2025, Fitch estime que si cette acquisition « pourrait faciliter l’augmentation des recettes publiques », elle a été financée par de l’endettement, qui grevera une partie de la production pétrolière future, le tout « sous des conditions non divulguées ». En clair : un pari risqué où les termes du contrat restent secrets, alors que les finances publiques s’enlisent.
Cette opacité devient d’autant plus préoccupante que la GOC n’a, à ce jour, publié aucune donnée financière, technique ni opérationnelle sur les champs repris à Assala. Ni volumes de production, ni coûts de remise en état, ni échéancier de remboursement n’ont été communiqués. Le discours officiel, lui, reste triomphaliste, vantant une « souveraineté retrouvée ». Mais derrière le symbole national, c’est une autre réalité qui se dessine puisque finalement, cette souveraineté est financée à crédit, et les fruits pourraient être absorbés pendant des années par les engagements contractés pour boucler le deal.
En toile de fond, le flou entretenu sur les accords de commercialisation entre la GOC et ses partenaires financiers, notamment le négociant Gunvor, évoqué dans plusieurs enquêtes, ce qui soulève des interrogations légitimes. Si une partie de la production est engagée en remboursement, quelle marge reste-t-il pour le Trésor public ? Le risque est de transformer un actif stratégique en machine à dettes qui, au lieu de renforcer les comptes publics, les fragilise davantage.
À mesure que les chiffres se dérobent, la crédibilité budgétaire du pays s’effrite elle aussi d’autant que le pays vient de confirmer que plus de 803 milliards de fcfa sont en souffrance auprès des opérateurs économiques. Et Fitch n’est pas seule à tirer la sonnette d’alarme. Plusieurs partenaires financiers, dont le FMI ou encore la BAD, exigent désormais plus de transparence sur les contrats pétroliers et les engagements hors budget. Sans publication des termes du rachat et du plan de financement, le dossier Assala pourrait devenir le talon d’Achille du redressement gabonais.