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Gabon: gouvernance décriée, dépenses inefficaces, Fitch Ratings maintient le CCC

le coup de coeur

Le Gabon affiche sa volonté de réformer, mais les marchés restent sourds. Le 21 juin dernier, le ministère de l’Économie et des Finances publiait un communiqué en grande pompe, à la suite d’une réunion avec la Fédération des Entreprises du Gabon (FEG). À l’ordre du jour : un ensemble de mesures censées marquer un tournant dans la gestion publique et relancer la dynamique économique. Pourtant, quelques jours plus tard, Fitch Ratings confirmait le maintien du pays à la note souveraine « CCC », soit un niveau extrêmement risqué pour tout investisseur.

Dans le détail, les réformes annoncées sont nombreuses : création d’une centrale d’achat à capitaux mixtes, fin temporaire des exonérations fiscales, reversement intégral des taxes au Trésor, mais aussi domiciliation des recettes d’exportation au Gabon, obligation d’assurance locale, et maîtrise de la chaîne logistique portuaire. En apparence, des mesures longtemps réclamées par les milieux d’affaires. Le ministre Henri-Claude Oyima a lui-même rappelé que « l’ambition du Gouvernement est de construire une économie solide avec une croissance forte, à deux chiffres ».

Des finances plombées par une dette en hausse

Mais sur le terrain, rien n’y fait. Les finances publiques restent plombées par une dette en hausse, des arriérés persistants, et une exécution budgétaire erratique. Fitch le résume sans détour : « tensions accrues sur les liquidités, accumulation d’arriérés, et manque de consolidation budgétaire ». Pire encore, l’agence relève des « indications d’une volonté hésitante de rembourser la dette commerciale », une phrase qui sonne comme un signal rouge dans les milieux financiers.

L’effort de dialogue avec le secteur privé, aussi salutaire soit-il, ne suffit donc pas à rassurer. Ce n’est pas tant l’intention réformatrice qui est mise en doute, mais sa traduction concrète. Les bailleurs attendent des résultats visibles et durables, là où les annonces s’empilent sans toujours produire les effets attendus. La Banque mondiale l’avait déjà souligné en avril dans son baromètre régional : « la qualité de la dépense publique reste préoccupante » et « l’exécution des projets prioritaires reste faible, en particulier en dehors de Libreville ».

Une gouvernance dans le viseur

À cela s’ajoute une gouvernance qui reste dans le viseur des agences de notation. Fitch rappelle que le Gabon est classé au 24e percentile mondial sur les critères de gouvernance, avec un score ESG très bas de « 5 », en raison d’une « faible capacité institutionnelle, d’une application inégale de l’État de droit et d’un niveau élevé de corruption ». Une fragilité structurelle qui empêche les mesures d’avoir un réel effet d’entraînement sur le reste de l’économie.

Depuis l’arrivée de Brice Clotaire Oligui Nguema, les annonces se succèdent, les communiqués s’enchaînent, les réformes s’affichent… mais le déficit de crédibilité perdure. Si le gouvernement espère voir sa note rehaussée un jour, il lui faudra passer du discours à l’impact, en montrant que chaque franc mobilisé est utile, traçable et productif. À défaut, le Gabon risque de rester coincé dans le bas du tableau, entre méfiance des marchés et lassitude des partenaires.

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