Lors de la première édition du Gabon Economic Forum, Jean-Baptiste Bikalou, vice-président de la Fédération des Entreprises du Gabon (FEG), a prononcé un discours particulièrement remarqué. Présent que le panel relatif à la stratégie d’endettement, ce dernier a plaidé pour une réforme profonde du système fiscal gabonais. Face aux représentants du gouvernement, des institutions financières et du secteur privé, il a appelé à « plus de justice fiscale et une plus grande équité », dénonçant une fiscalité instable, improvisée, et trop souvent punitive à l’égard des opérateurs économiques.
Ce cri d’alerte fait écho à une réalité bien connue des entreprises : la multiplication des taxes parafiscales, souvent imposées sans base légale claire ni concertation, ainsi qu’une absence de visibilité dans la structure des prélèvements. « Trop souvent, la justice est perçue comme inégalitaire et lourde. Les entreprises doivent pouvoir évoluer dans un cadre juridique stable, respectueux, qui ne les condamne pas systématiquement », a-t-il souligné. À cela s’ajoute une application incomplète de la neutralité de la TVA, qui renforce les distorsions et alimente le coût final des biens et services, notamment ceux de première nécessité.
Cette situation trouve aussi un écho dans la structure actuelle des prix des carburants, jugée par plusieurs acteurs comme inadaptée aux réalités économiques nationales. Les mécanismes de fixation, reposant sur une vérité des prix calquée sur des marchés extérieurs, ne tiennent pas suffisamment compte du niveau de vie local ni des coûts logistiques spécifiques au Gabon. En résulte un paradoxe. Un pays producteur de pétrole où les carburants deviennent un facteur central de la vie chère, avec des répercussions directes sur les transports, les denrées alimentaires et les coûts de production des entreprises.
La FEG appelle ainsi à un réexamen du modèle fiscal et tarifaire national, en y intégrant les notions de justice économique et d’impact social. Bikalou propose une fiscalité plus intelligente, ciblée sur les secteurs à fort potentiel de transformation, tout en allégeant la pression sur les segments déjà asphyxiés. Il insiste sur la nécessité de limiter les prélèvements opportunistes, notamment au niveau des collectivités locales, qui contribuent à désorganiser l’écosystème productif.
« Si nous voulons une croissance inclusive et durable, nous devons bâtir un cadre équitable pour tous les acteurs », a résumé le PDG de Pétro Gabon. Pour lui, la fiscalité ne doit pas être un simple outil de collecte, mais un levier stratégique pour encourager l’investissement, la création d’emplois, et l’innovation locale. Le message est clair. Sans justice fiscale, il n’y aura ni compétitivité, ni diversification économique, ni relance crédible. Le gouvernement, qui s’est engagé à restaurer la confiance entre l’État et les opérateurs économiques, est désormais attendu sur des mesures concrètes. Au-delà des discours, l’enjeu est de redonner un souffle à l’économie réelle, dans un contexte où chaque litre de carburant, chaque facture fiscale, et chaque taxe injustifiée pèsent sur la relance.








