Le projet de fer de Baniaka, porté par l’australien Genmin Limited, franchit une étape décisive avec l’entrée en négociation exclusive avec Sino-Hunan International Engineering and Development (SHICO), une entreprise publique chinoise. Selon la lettre d’intention signée, SHICO est prête à financer jusqu’à 60% des 250 millions USD nécessaires au lancement de la production initiale. Cette montée en puissance confirme l’intérêt grandissant de la Chine pour les ressources stratégiques gabonaises.
Au-delà de l’apport financier, SHICO prévoit d’intégrer son expertise technique dans la conception et l’exploitation des installations. Cette coopération s’inscrit dans une continuité de collaborations déjà entamées avec des entreprises chinoises telles que Sinohydro et PowerChina, renforçant l’ancrage de Pékin dans le mégaprojet. L’entreprise chinoise envisage également un contrat d’achat sur cinq ans, sécurisant ainsi un débouché pour Genmin dès le démarrage.
Cette alliance intervient alors que Genmin revoit ses ambitions à la hausse. Le gisement, estimé à 758,7 millions de tonnes à 36,7% de teneur, pourrait atteindre une production initiale de 5 millions de tonnes par an, 2 millions de plus que les prévisions de 2024. À moyen terme, l’objectif est d’approcher les 10 millions de tonnes annuelles, ce qui positionnerait Baniaka parmi les projets ferreux les plus importants de la sous-région.
Pour le Gabon, ce partenariat sino-australien représente une opportunité majeure d’accélération dans le secteur ferrifère, mais il soulève également des questions stratégiques. Si les investissements étrangers demeurent essentiels pour développer de tels projets, la dépendance technologique et financière envers la Chine interroge la capacité du pays à maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur.
Dans un contexte où l’État pousse par ailleurs pour plus de transformation locale, l’équation entre souveraineté, attractivité et industrialisation reste délicate à équilibrer. Le risque est de voir les investissements étrangers se concentrer uniquement sur l’extraction, tandis que la valeur ajoutée échappe encore au pays.
La montée en puissance des capitaux chinois pourrait également réduire la marge de manœuvre du Gabon dans la renégociation des termes industriels ou environnementaux. Enfin, l’enjeu pour Libreville sera de s’assurer que ces partenariats s’inscrivent réellement dans une vision de long terme, capable de renforcer les capacités locales plutôt que de créer de nouvelles dépendances.








