Le secteur pharmaceutique gabonais traverse une crise aiguë liée aux dettes accumulées par la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS). Selon le Syndicat des pharmaciens du Gabon (Sypharga), les officines du pays attendent le paiement d’environ 8 milliards de fcfa au titre des prestations fournies aux assurés, principalement ceux du Fonds des Gabonais économiquement faibles (GEF). Une situation qui pèse lourdement sur la trésorerie des pharmacies et fragilise la distribution des médicaments sur l’ensemble du territoire.
Pourtant, le secteur pharmaceutique demeure l’un des maillons les plus dynamiques du commerce gabonais, avec une croissance continue depuis trois ans. Les entreprises de distribution et les pharmacies ont investi dans la modernisation de leurs réseaux, l’amélioration du stockage et la digitalisation des commandes. Mais la dépendance à la commande publique et les retards de remboursement de la CNAMGS ont transformé cet élan en goulot d’étranglement. Et ce manque de liquidités entraîne déjà des ruptures de stock sur certaines molécules, notamment celles destinées au traitement des maladies chroniques et du cancer. En janvier 2025, les pharmaciens avaient temporairement suspendu la délivrance des médicaments aux assurés CNAMGS, avant de reprendre sous la promesse d’un règlement progressif. Dix mois plus tard, la dette reste quasi inchangée, alimentant le risque d’une nouvelle suspension des prestations dès début 2026, si aucune solution concrète n’est trouvée avant la fin de l’année.
Cette impasse intervient alors que la CNAMGS traverse une période d’instabilité managériale. L’institution est actuellement à la recherche d’un nouveau directeur général, dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt lancé en octobre 2025. Un recrutement crucial, tant la Caisse doit redresser sa gouvernance financière et rétablir la confiance des prestataires de santé, de plus en plus réticents à traiter avec elle faute de garanties sur les délais de paiement.
Sans réforme de fond et sans assainissement budgétaire, la situation pourrait s’aggraver en 2026. Le secteur pharmaceutique, qui emploie plusieurs centaines de personnes et génère une activité estimée à près de 80 milliards de fcfa par an, demeure un pilier essentiel du système de santé gabonais. Mais à défaut d’un règlement rapide des dettes et d’une gestion plus rigoureuse des fonds publics, c’est l’accès même aux soins et aux médicaments essentiels qui pourrait être compromis pour des milliers de Gabonais.








