La Société financière internationale (SFI), bras armé du Groupe Banque mondiale pour le secteur privé, cherche à intensifier sa présence au Gabon. L’audience accordée le 18 juillet dernier par le vice-président Alexandre Barro Chambrier à sa représentante régionale, Charlotte Ndaw Sako, en dit long sur cette volonté d’ancrage. Au-delà des engagements classiques dans les infrastructures ou l’agro-industrie, la SFI veut désormais élargir sa palette d’intervention, avec en ligne de mire des filières à forte valeur ajoutée comme le bois, le tourisme ou encore les services de conseil aux entreprises.
L’institution ne cache plus son ambition de passer à l’étape supérieure, en apportant son expertise là où l’État peine encore à faire émerger un tissu privé solide et compétitif. Cette ouverture intervient dans un contexte où le Gabon tente de redéfinir son modèle de développement, plus axé sur la transformation locale et la diversification. Charlotte Ndaw Sako l’a clairement souligné à l’issue de l’audience : la SFI ne compte pas jouer un rôle d’observateur passif. Elle veut s’engager directement dans la mise en œuvre du plan de développement du pays, en mettant à disposition non seulement du financement mais aussi des outils d’accompagnement stratégique.
En ciblant des secteurs comme le tourisme ou le bois, longtemps évoqués mais peu structurés, l’institution montre qu’elle souhaite miser sur les gisements de croissance jusque-là négligés. Ce positionnement n’est pas anodin. Il correspond à un changement de paradigme dans la coopération entre le Gabon et ses partenaires financiers, où l’accent est désormais mis sur la chaîne de valeur locale, la durabilité et l’effet d’entraînement sur l’économie.
Le volet conseil aux entreprises locales apparaît également comme une priorité nouvelle. La SFI veut contribuer à la montée en compétence du secteur privé gabonais, souvent freiné par des difficultés d’accès à l’information, un déficit de gouvernance ou une gestion hasardeuse. En misant sur l’ingénierie financière et le renforcement des capacités, elle espère stimuler une dynamique entrepreneuriale plus robuste, capable de générer de l’emploi formel et de créer de la valeur sur le territoire.
Cette approche, plus fine et moins tournée vers les méga-projets, colle avec la volonté actuelle des autorités gabonaises de favoriser un développement plus inclusif, appuyé sur les forces vives locales. La présence renforcée de la SFI sur ce créneau pourrait aussi servir de levier pour attirer d’autres partenaires techniques et financiers. L’ouverture sur le secteur du tourisme, en particulier, marque un tournant. En misant sur cette filière, la SFI veut aussi contribuer à une meilleure valorisation du territoire, à condition que les infrastructures de base suivent.
Quant à la filière bois, elle reste stratégique, non seulement pour ses perspectives d’exportation, mais aussi pour son rôle dans l’aménagement du territoire et la création d’activités rurales. Encore faut-il structurer la transformation locale et lutter contre l’informalité qui gangrène une partie de la chaîne. Derrière ce repositionnement de la SFI se dessine une logique d’engagement plus soutenue dans la fabrique de l’économie réelle.