C’est un scandale financier dont se serait volontiers passé les autorités de la transition à l’heure de la discipline et quelques jours à peine après le référendum Constitutionnel. Ce qui semblait n’être qu’une simple rumeur concernant les dépenses faramineuses de Gab’Oil pour le déplacement de son président du conseil d’administration (PCA), Landry Bongo Ondimba, dans le cadre du référendum de 2024 se révèle finalement être une information vérifiée. Un document à toute allure officiel, signé de la main de l’Administrateur Directeur Général (ADG) de Gab’Oil, François Owono Messie, daté du 12 novembre, confirme le paiement de 46 millions de fcfa pour des frais liés à la campagne référendaire.
Ce montant a été débloqué au sein d’une « Régie d’avances » spécialement créée à cet effet. L’opération a été supervisée par Mavoungou Davy Cedric, chargé d’études du PCA, soulignant la mise en place d’un dispositif logistique pour gérer ces fonds publics. Parmi les postes de dépenses les plus contestés figurent les frais de représentation, évalués à 10 millions de fcfa, ainsi que les frais d’hébergement de 5 millions de fcfa. Plus étonnantes encore, les dépenses pour des t-shirts et casquettes, respectivement à hauteur de 5 millions et 2,5 millions de fcfa, suscitent de vives interrogations, particulièrement dans un pays où de nombreux Gabonais peinent à accéder à des services de base.
Une gestion floue et peu transparente
D’autres charges, telles que la restauration (7 millions de fcfa) et les boissons (3,5 millions de fcfa), apparaissent également disproportionnées au regard de la réalité socio-économique du pays. Le choix de ces dépenses soulève des doutes sur la gestion de l’argent public, surtout quand on sait que Gab’Oil, une entreprise publique dont les bénéfices pourraient être utilisés pour des projets d’envergure, semble privilégier des actions de communication à grand renfort de frais logistiques.

La location de véhicules et de bus pour un total de 4,2 millions de fcfa ainsi qu’une enveloppe de 4 millions de fcfa pour des «divers et imprévus» renforcent cette impression d’une gestion floue et peu transparente. Dans un contexte de crise économique et de priorités sociales criantes, la nécessité d’un tel investissement dans des actions de communication suscite un malaise. Il est d’autant plus inquiétant de constater qu’une telle somme ne fait même pas partie du budget de 28 milliards de fcfa alloués au référendum.
Une gestion opaque
Si la gestion de cette campagne suit la même logique de dépenses excessives, il est légitime de se demander si ces fonds ne risquent pas d’être mal alloués ou détournés. Dans un pays où les inégalités sociales sont profondes et où les infrastructures essentielles manquent cruellement de financement, des dépenses aussi conséquentes pour des frais de déplacement et de communication apparaissent comme un choix discutable. Une telle opacité ne fait qu’accroître la méfiance des citoyens vis-à-vis des institutions publiques.

Cette situation soulève également une question cruciale sur les motivations de François Owono Messie, un technocrate réputé pour sa rigueur, qui a pris la direction de Gab’Oil après les dérives de son prédécesseur. Pourquoi a-t-il accepté de valider de telles dépenses dans une entreprise qu’il a reprise en main pour assainir les finances et redonner de la crédibilité à l’État gabonais ? Cette question mérite d’être posée, d’autant plus que l’image de l’entreprise publique Gab’Oil et la gestion de ses ressources sont désormais au cœur des préoccupations des citoyens et des observateurs de la scène politique et économique du Gabon.