Le gouvernement gabonais a décidé de taper du poing sur la table face au fléau de la surcharge routière. Dans un communiqué conjoint daté du 22 août 2025, les ministères des Transports et des Travaux Publics ont rappelé les règles strictes concernant le poids et les dimensions des véhicules circulant sur le réseau national. Derrière ce rappel, c’est une question économique de premier ordre qui se joue puisque les infrastructures routières coûtent des milliards à construire et à entretenir.
Désormais, les règles semblent plus claires. Pas plus de 21 tonnes pour un camion à deux essieux, 27 tonnes pour un trois essieux, 40 tonnes pour les ensembles à quatre essieux et 50 tonnes pour les plus lourds. Autrement dit, le gouvernement veut couper court aux pratiques abusives qui consistaient à surcharger les poids lourds pour maximiser les marges, au détriment de la durée de vie des routes. Chaque dépassement de charge fragilise les ouvrages routiers et multiplie les dépenses de réhabilitation.
Les experts estiment qu’un seul camion en surcharge peut causer autant de dommages qu’un trafic journalier de plusieurs milliers de voitures. Alors que l’État investit des dizaines de milliards de fcfa chaque année dans la modernisation des routes, certains transporteurs réduisent à néant ces efforts en quelques trajets. Les routes censées durer vingt ou trente ans se retrouvent dégradées en cinq ans seulement. On peut le voir sur quelques axes stratégiques de la capitale gabonaise.
Au-delà de la technique, c’est donc un véritable arbitrage budgétaire qui s’impose. Si les surcharges continuent, l’argent public servira uniquement à colmater des nids-de-poule et reconstruire des tronçons effondrés, au lieu d’être investi dans les hôpitaux, les écoles ou l’énergie. En mettant fin à cette hémorragie, l’État entend faire de la discipline routière une arme de rationalisation budgétaire et de protection du bien commun.
Un message fort est donc adressé aux opérateurs de transport et de logistique. L’ère du laisser-faire est bel et bien révolue. Les nouvelles limites de gabarit et de poids ne sont pas des suggestions, mais des obligations assorties de sanctions. Désormais, rouler aux normes n’est plus un choix mais une condition sine qua non pour participer à la chaîne logistique nationale. Reste à savoir comment ces mesures seront appliquées.