Les six organisations syndicales de la Compagnie minière de l’ogooué (Comilog) ont lancé un mouvement de grève illimitée au terme de plusieurs assemblées générales organisées pour analyser la concrétisation des annonces, issues des revendications faites par ces organisations syndicales. Cette grève résulte d’une crise qui couve depuis le 27 septembre entre les partenaires sociaux et les dirigeants de l’entreprise Comilog, succursale du groupe métallurgique français Eramet. L’issue de cette crise s’annonce tendue entre les deux parties qui voient en chacun l’adoption des positions extrêmes.
Des revendications restées lettre morte pour les syndicats
C’est la conclusion des assemblées générales qui ont rythmé les échanges entre les six organisations syndicales de la Comilog ces derniers jours du côté de Moanda, comme du côté de Libreville, les 28 novembre et 2 décembre derniers. La crise sous-jacente mise en suspens le 27 septembre dernier, n’a été retardée que par la médiation infructueuse du ministre des Mines, Gilles Nembe, et n’aurait pas eu de résultats escomptés au terme des délais prévus par les syndicats. En cause, le laxisme des dirigeants à donner une réponse concrète aux revendications des partenaires sociaux qui dénoncent entre autres raisons, les conditions de travail et le non-paiement de la «prime de résultats 2024».
D’après les informations rapportées par nos confrères d‘Info241, la crise sociale s’est envenimée en raison de l’absence d’un cadre de dialogue entre les mouvements syndicaux et la direction de l’entreprise. Cette dernière n’aurait pas donné des indications suffisamment significatives pour convaincre de leur volonté à aboutir à un plan consensuel de sortie de crise. Selon ces organisations, le mutisme de l’administration concernant ces points à l’ordre du jour, vise de facto, à étioler les points de revendications pour gagner du temps et faire tomber dans l’oubli les doléances formulées à l’encontre de Leod-Paul Batolo et ses collaborateurs.
La direction générale se défend
Des arguments battus en brèche par la direction de l’entreprise qui juge selon Gabonactu que le mouvement d’humeur : «vient interrompre nos efforts pour trouver une solution apaisée aux revendications sociales, comme en témoigne la réunion de dialogue à laquelle le Comité de Direction a convié les organisations syndicales, pendant trois jours à Libreville – une réunion d’ouverture qui s’est malheureusement heurtée à la demande des syndicats de traiter séance tenante du cahier des charges des négociations triennales et non plus des doléances de dialogue social », peut-on lire. Quoiqu’il en soit, le redémarrage de la grève actuelle, risque de mettre en difficulté le gouvernement gabonais dans le secteur étant donné l’importance de l’activité minière quotidienne dans les ressources de l’État.
Une grève qui relance le désamour entre syndicats et Leod- Paul Batolo ?
Nommé le 08 juillet 2024 nouvel administrateur directeur général de la Comilog, Leod-Paul Batolo essuie des critiques sur sa gestion. Les organisations syndicales du côté de la ville minière de Moanda comme à Libreville seraient- elles tentées de jouer la carte de la revendication sociale pour dépeindre l’homme à la tête de l’une des compagnies minières les plus importantes d’Afrique?
Les déclarations du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema lors de la tournée républicaine à Moanda, le 17 juillet dernier dans la Province du Haut-Ogooué, qui a apporté son soutien à l’administrateur directeur général de la Comilog qui, selon lui «se fait critiquer pendant qu’il fait le bon travail», a été perçu par les travailleurs de cette entreprise comme une déviance tant le climat social là-bas est délétère. Et ce, alors même que l’entreprise s’est vue décerner le prix de la «Meilleure entreprise du Gabon», pour son engagement à soutenir les politiques sociales dans la ville de Moanda et ses environs, il y a seulement quelques jours.
Une grève qui paralyse le secteur minier
Avec une production de 7,4 millions de tonnes produit en 2023, Comilog est un pivot stratégique de l’économie gabonaise. Sa place sur le plan international, lui permet de jouer un rôle clé dans la production du manganèse au niveau mondial et local. En outre, un éventuel durcissement de la grève ajoute au contexte économique frileux, des inquiétudes majeures. Tout compte fait, l’administration de l’entreprise espère une ouverture d’un dialogue concluant entre les deux parties pour trouver des solutions au cahier des charges permettant à la production de reprendre son cours dans les plus brefs délais.