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Gabon : malgré la crise des tarifs aéroportuaires, le gouvernement veut miser sur des gros porteurs Boeing

le coup de coeur

Alors que les compagnies aériennes opérant au Gabon dénoncent depuis plusieurs années des tarifs aéroportuaires parmi les plus élevés de la sous-région, le gouvernement gabonais semble vouloir franchir une nouvelle étape… sans avoir réglé les précédentes. Le projet d’acquisition de trois gros porteurs Boeing d’ici 2029, révélé par Gabon 24, suscite autant d’espoirs que de scepticisme dans les milieux économiques.

Une pression fiscale contre-productive

La logique voudrait pourtant que l’État commence par harmoniser les redevances et taxes aéroportuaires, qui freinent l’attractivité de Libreville comme hub aérien. Les passagers se plaignent de billets excessivement chers, tandis que les compagnies redoutent une pression fiscale contre-productive. « On ne construit pas un réseau international avec une fiscalité domestique dissuasive », confie un opérateur aérien sous couvert d’anonymat.

La stratégie actuelle donne une impression de déséquilibre : on investit dans des appareils long-courriers, potentiellement des Boeing 777 à 200 millions de dollars pièce, sans avoir revu ni le modèle économique des aéroports ni les conditions d’accueil des compagnies. L’écosystème local reste peu préparé à accueillir une telle transformation.

L’investissement massif ne suffira pas

En réalité, sans une réforme tarifaire coordonnée avec les acteurs privés et une stratégie de ciel ouvert, ces gros porteurs risquent de devenir des « éléphants blancs » au sol, immobilisés par l’absence de routes aériennes rentables et d’accords commerciaux solides. L’investissement massif ne suffira pas si le climat de compétitivité reste inchangé.

Ce projet, qui pourrait coûter entre 370 et 450 milliards de fcfa hors frais annexes, donne l’impression d’un saut technologique sans tremplin économique. Le Gabon ne manque ni de potentiel géographique, ni de volonté politique. Mais tant que les fondamentaux ne seront pas réformés, les ambitions resteront suspendues à des promesses de modernité sans viabilité opérationnelle.

Bâtir un écosystème complet

Il ne s’agit pas seulement d’acheter des avions : il s’agit de bâtir un écosystème complet. Où sont les mécanismes de formation des pilotes et techniciens locaux ? Quels modèles de gestion durable des équipements seront mis en place pour éviter les fiascos du passé, comme celui d’Air Gabon ?

À quoi bon posséder des appareils capables de relier Paris, Dubaï ou Johannesburg, si les connexions domestiques entre Libreville, Franceville ou Port-Gentil sont encore aléatoires, mal desservies, ou hors de prix ? Sans une approche intégrée, l’achat de ces gros porteurs risque de s’ajouter à la longue liste des projets spectaculaires mais peu transformateurs.

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