Le Gabon, comme bon nombre de pays africains, fait face à un besoin urgent de financement pour soutenir son développement économique, infrastructurel et social. Selon les dernières projections, le pays aurait besoin d’un financement annuel supérieur à 700 milliards de fcfa pour couvrir ses ambitions de croissance, ses projets d’infrastructures et d’industrialisation, ainsi que les réformes nécessaires pour améliorer le bien-être de ses citoyens. Cependant, dans un contexte économique particulièrement tendu, marqué par des défis budgétaires et des engagements externes, les autorités gabonaises ont opté pour une dépense significative et pour le moins controversée : 27 milliards de fcfa pour organiser le référendum constitutionnel de 2024.
Un besoin en financement de 700 milliards de fcfa
Le Gabon, malgré ses ressources naturelles abondantes et croissantes, n’échappe pas aux difficultés financières. Loin s’en faut. L’économie du pays repose en grande partie sur l’exploitation des ressources minières, notamment le manganèse, le pétrole et le bois et désormais le gaz naturel, mais ces secteurs, bien que rentables, ne suffisent pas à garantir un développement équilibré et soutenu. Le besoin en financement annuel de plus de 700 milliards de fcfa découle des priorités urgentes du pays : modernisation des infrastructures, amélioration des services publics, diversification économique, création d’emplois pour les jeunes, et lutte contre la pauvreté.
En dépit de ces besoins pressants, le Gabon fait face à un contexte économique difficile, marqué par une dette publique en constante augmentation et une situation budgétaire de plus en plus tendue. Alors que de nombreuses priorités sont sur la table, les autorités ont décidé d’allouer une somme conséquente de 27 milliards de fcfa pour organiser le référendum constitutionnel qui s’est tenu le 16 novembre dernier. Ce choix soulève des interrogations sur l’opportunité de cette dépense dans un contexte où les besoins fondamentaux du pays sont criants.
Un référendum coûteux au détriment d’autres priorités
L’allocation de 27 milliards de fcfa pour le référendum est perçue par certains observateurs comme une décision stratégique visant à légitimer le processus de transition en cours. En effet, le référendum devait certes permettre d’adopter une nouvelle constitution, à travers laquelle les autorités comptent reformuler le cadre juridique et politique du pays. Cette révision constitutionnelle jugée essentielle par le gouvernement, suscite néanmoins des interrogations, notamment sur son timing et son coût. Qu’est-ce qui a bien pu coûter 27 milliards de fcfa dans l’organisation de ce référendum, quand on sait que le matériel roulant et bien d’autres utilisés ont été hérités de la campagne électorale de 2023 ?
À un moment où les Gabonais font face à des difficultés économiques de plus en plus prononcées, avec des secteurs essentiels comme la santé, l’éducation et les infrastructures en quête de financement, l’engagement de ces 27 milliards de fcfa pour un processus politique semble dérisoire au regard des priorités immédiates du pays. Ces ressources auraient pu être mieux allouées à des projets de développement plus concrets, tels que la relance de l’agriculture, l’amélioration de l’accès à l’eau potable, ou encore la réhabilitation des infrastructures de transport.
Priorisation des investissements publics
La décision des autorités gabonaises d’engager 27 milliards de fcfa pour organiser le référendum constitutionnel, alors que le pays a un besoin en financement de plus de 700 milliards de fcfa par an pour son développement, soulève des questions sur la priorisation des investissements publics. Si la révision constitutionnelle était une nécessité pour assurer la stabilité politique du pays, elle se résume également comme un luxe dans un contexte où les défis économiques et sociaux sont pressants. Surtout quand les chiffres du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité révèle un taux d’abstention de 44%. A l’avenir, le Gabon devra inéluctablement réévaluer ses priorités pour garantir que chaque franc dépensé contribue effectivement à un développement durable et à une amélioration du quotidien des Gabonais.