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Gabon : Oligui Nguéma veut « Make America Great Again », la foule applaudit, la toile s’indigne 

le coup de coeur

De retour au Gabon après un mini-sommet avec Donald Trump, le président Brice Clotaire Oligui Nguéma a réservé à ses compatriotes une scène digne d’une série américaine : un aéroport bouclé, une foule en liesse arborant t-shirts à l’effigie du “président-fondateur”, des ministres en rang serré… et une casquette rouge vissée sur la tête. Pas n’importe laquelle : une casquette « Make America Great Again », symbole iconique du trumpisme. 

Durant son passage à Washington, le président a vanté les richesses du Gabon, appelant les entreprises américaines à s’y implanter, tout en assurant que son pays « est très riche ». Pourtant, c’est le fait de porter publiquement un slogan électoral d’un président étranger qui a marqué les esprits. Dans un contexte de transition où la neutralité diplomatique devrait primer, ce clin d’œil vestimentaire à Donald Trump a été interprété par certains comme une prise de position politique, voire idéologique.

Capture d’écran du commentaire de Aly Traoré. © D.R.

Sur les réseaux sociaux, la réaction ne s’est pas fait attendre. De nombreux internautes se sont indignés de l’ensemble de la stratégie de communication, qui a souillé un trip américain pourtant salué par le continent. « Mais jusqu’à quand, bon sang ? Jusqu’à quand allons-nous endurer cette humiliation permanente ?J’ai honte à le dire: voici un chef d’État africain, le Président du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema, de retour chez lui, la tête coiffée d’une casquette rouge, « MAKE AMERICA GREAT AGAIN », comme un vulgaire fanboy de Donald Trump. Pas même un dirigeant, un figurant ! Un porteur de valises diplomatiques ! Il s’est arrêté là-bas à Washington comme un garde du corps de Trump, pas comme le représentant souverain d’un pays libre et digne. Il n’a pas été reçu comme un égal, mais comme un valet. Où est la fierté ? Où est l’honneur de notre continent ? Où est la mémoire de nos luttes, de nos héros, de notre sang versé pour la liberté ? », s’indigne Aly Traoré.

D’autres pointent une incohérence criante : comment promouvoir la souveraineté du Gabon tout en endossant les symboles d’une puissance étrangère qui a un appétit d’ogre pour nos ressources naturelles ? En quelques heures, le débat a quitté les cercles militants pour s’étendre à la société civile, aux médias en ligne, et jusque dans certains cercles politiques discrets. « Permettez-moi d’adresser quelques mots à l’entourage proche du Président de la République Gabonaise, en particulier à celles et ceux qui sont censés veiller sur sa communication, son image publique et son positionnement diplomatique à l’échelle nationale et internationale. Tout d’abord, je tiens à exprimer ma surprise et ma profonde inquiétude face à une vidéo récemment devenue virale sur les réseaux sociaux. Dans cette séquence, on aperçoit le Président Brice Clotaire Oligui Nguema coiffé d’une casquette arborant le slogan emblématique de la campagne de Donald Trump – « Make America Great Again ». À cela s’ajoutaient une cravate et un mouchoir rouge, éléments symboliques très clairement associés à l’identité visuelle du Parti Républicain américain. Ce choix vestimentaire, qui pourrait sembler anodin à première vue, constitue en réalité une erreur symbolique majeure, notamment dans les cercles diplomatiques, politiques et médiatiques. Il est difficile de concevoir qu’un chef d’État, conscient des codes protocolaires internationaux, puisse ainsi arborer – même de manière involontaire – les attributs d’un courant politique étranger, sans susciter confusion idéologique ou malaise diplomatique », a déclaré Richard Mouangue, membre du Parti démocratique gabonais (PDG) résident aux États-Unis, dans un commentaire de plus d’une dizaine de paragraphes sur sa page Facebook.

Capture d’écran du commentaire de Richard Mouangue. © D.R.

Ce retour à Libreville a d’ailleurs rappelé à plus d’un observateur les grandes heures du PDG. Un cérémonial millimétré, mobilisation artificielle, bains de foule calculés. Si Oligui prétend rompre avec l’ère Bongo, la mise en scène du pouvoir semble pourtant toujours intacte. À défaut de construire une nouvelle culture politique, l’État semble puiser dans les vieux réflexes du passé, avec un soupçon d’exotisme trumpien en bonus.

La casquette Trumpiste aura peut-être dit plus que tous les discours. © D.R.

La casquette Trumpiste aura peut-être dit plus que tous les discours. Dans une transition censée restaurer la confiance et poser les bases d’un État moderne, le message envoyé semble confus : pendant que les Gabonais attendent des réformes profondes, leur président arbore fièrement le slogan d’un milliardaire américain en campagne. Au jeu des symboles, c’est une faute de goût… ou une révélation.

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