À l’approche de l’élection présidentielle d’avril 2025, Albert Ondo Ossa, ancien candidat de l’opposition lors du scrutin d’août 2023, continue de contester la légitimité du régime en place. Dans une série de déclarations tranchantes faites sur un live de la célèbre plateforme tiktok, il affirme que « tous ceux qui se sont présentés à cette élection ont apporté une caution à Oligui Nguéma » et que « les dés sont pipés, Oligui Nguéma en sortira vainqueur ». Selon lui, l’actuel président de transition bénéficierait d’un cadre électoral taillé sur mesure, ne laissant que peu de place à une alternance véritable.
Cette prise de position, bien qu’en phase avec ses déclarations passées, se heurte à la réalité institutionnelle actuelle qui confirme la tenue du scrutin en avril, avec plusieurs candidats déclarés. L’ancien candidat, qui s’était imposé comme l’une des figures de l’opposition en 2023 avant d’être progressivement marginalisé, adopte une posture radicale. Contrairement à d’autres opposants qui cherchent à structurer une alternative face au pouvoir, Ondo Ossa refuse d’apporter son soutien à un quelconque candidat et préfère appeler à la mobilisation contre Oligui Nguéma.
En effet, il invite les Gabonais, notamment la jeunesse qui l’avait massivement soutenu « à le rejoindre pour mettre Oligui Nguéma hors d’état de nuire », un discours qui tranche avec celui de certains leaders de l’opposition, plus enclins à jouer le jeu électoral. Toutefois, cette stratégie d’affrontement direct, sans perspective concrète de coalition, interroge sur sa capacité à peser réellement sur l’issue du scrutin.
Malgré son isolement apparent, Ondo Ossa affiche une posture d’intransigeance et d’assurance face au pouvoir en place. Il martèle qu’il a « fait sa part de job face à ce système que j’ai toujours combattu », sous-entendant qu’il a déjà joué son rôle et que la suite appartient désormais aux citoyens. En se positionnant ainsi, il se présente comme une figure morale de l’opposition plutôt que comme un acteur politique impliqué dans la bataille électorale. Néanmoins, l’absence d’une stratégie claire ou d’une alliance avec d’autres figures de l’opposition risque de renforcer son isolement et d’affaiblir la portée de son message.
Ses propos traduisent un rejet total du processus électoral actuel, qu’il considère biaisé. Pourtant, l’absence de preuves concrètes venant étayer ses accusations risque de limiter l’impact de son message, d’autant que d’autres candidats de l’opposition, bien que critiques, participent à l’élection. Dans un contexte où une partie de la population aspire à un changement par les urnes, son appel à la mobilisation directe pourrait ne pas trouver l’écho escompté. D’autant plus que la transition a bénéficié d’un certain soutien populaire initial, compliquant la tâche des opposants radicaux.
L’attitude d’Ondo Ossa pose ainsi une double question : quel poids a-t-il encore sur l’échiquier politique gabonais ? Et son appel à la mobilisation peut-il réellement inverser le cours des événements, alors que le pays semble déjà engagé sur la voie de l’élection ? À moins de deux semaines du scrutin, les Gabonais devront trancher entre engagement dans le processus électoral et contestation du système en place, une ligne de fracture qui pourrait marquer durablement la politique nationale.