Lancée comme l’un des leviers majeurs du redressement du secteur primaire, la Société d’Aménagement et d’Exploitation du Gabon (SAEG) peine encore à produire les résultats attendus. Créée pour accélérer la mise en valeur des zones agricoles et renforcer l’autosuffisance alimentaire, la SAEG devait transformer la politique agricole en un véritable moteur de croissance. En 2024, l’agriculture a progressé de 3,1%, tirée surtout par les cultures vivrières et maraîchères (+33,1%), preuve d’un potentiel réel. Mais l’encadrement des producteurs demeure partiel et les infrastructures de stockage, de transformation et de distribution manquent encore cruellement sur le terrain.
Le Fonds Stratégique Agricole (FSA), instrument financier censé appuyer la SAEG, n’a quant à lui pas encore atteint sa vitesse de croisière. Alimenté par les ressources publiques et des contributions extérieures, il devait financer les filières prioritaires à savoir : manioc, maïs, riz, élevage et pêche et soutenir les PME rurales. Or, à fin 2024, moins de 40% des crédits prévus avaient effectivement été décaissés, freinés par des lenteurs administratives et un manque de suivi technique. Le gouvernement prévoit en 2025 un redressement avec un portefeuille d’environ 30 milliards de fcfa pour financer la modernisation de dix pôles agro-industriels.
Sur le terrain, quelques avancées sont visibles. Dans les zones pilotes de Nkok, Andem et Mitzic, des fermes intégrées ont été relancées, des périmètres irrigués réhabilités et des programmes de formation agricole lancés avec le soutien du ministère de l’Agriculture. La SAEG s’est également attelée à la cartographie des sols cultivables et à la réhabilitation de certaines infrastructures héritées de l’ancienne SOTRADER. Mais ces actions restent encore ponctuelles, sans réel effet d’entraînement à l’échelle nationale.
La gouvernance et la coordination entre acteurs sont les principaux chantiers identifiés ce jour. La SAEG dépend encore largement des financements publics, sans stratégie claire d’autonomisation financière. Le Fonds stratégique, de son côté, pâtit de l’absence d’un dispositif de suivi-évaluation rigoureux et d’une faible implication du secteur privé. Les banques commerciales se montrent prudentes, jugeant les projets agricoles trop risqués, faute de garanties solides et de débouchés assurés.