Le paiement des rappels de solde des fonctionnaires gabonais, annoncé par le ministre des Comptes Publics ce mardi 12 novembre 2024 à 18h, est un geste qui, bien qu’il réponde à un besoin urgent des agents publics, semble également s’inscrire dans une logique politique douteuse. En effet, cette mesure, largement saluée par les bénéficiaires, pourrait être perçue comme un acte opportuniste du Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, en pleine période de campagne référendaire. Alors qu’il s’agit d’un droit légitime des fonctionnaires, ce paiement apparaît à certains comme une manière de se garantir un soutien populaire, en particulier en cette période cruciale pour la stabilité politique du pays.
Le montant global de cette opération, qui avoisine les 36,1 milliards de fcfa, constitue une somme considérable. Pourtant, la question qui se pose est de savoir si cet effort financier est réellement motivé par une volonté de régulariser une situation financière des fonctionnaires ou s’il n’est pas, en réalité, une manœuvre pour gagner la faveur d’une population précarisée. Ce paiement des rappels de solde, bien que nécessaire pour de nombreux agents publics en difficulté, s’apparente à un moyen de «récompenser» ceux qui pourraient se montrer favorables à la Transition en cours. Une forme d’achat de conscience, bien que subtile, se cache derrière ce geste de générosité apparente.

En effet, le timing de cette initiative est particulièrement révélateur. Alors que le pays se trouve plongé dans une campagne pour le référendum constitutionnel, cette annonce peut difficilement être dissociée de l’objectif politique de convaincre les fonctionnaires, et plus largement l’ensemble des citoyens, de soutenir la transition. En agissant ainsi, le Président de la Transition semble faire d’une obligation légale, celle de régler les arriérés des fonctionnaires, un outil de communication politique. Le geste, bien qu’essentiel pour les agents concernés, est donc de plus en plus perçu comme une stratégie de manipulation plutôt que comme une simple réparation d’une injustice.
Rappel des soldes : un droit pour le travailleur gabonais
Le message que cette démarche envoie aux Gabonais est ambigu. D’un côté, il est rassurant de constater que les autorités se préoccupent des conditions de vie des fonctionnaires, souvent confrontés à des retards de paiement qui affectent leur quotidien. Mais d’un autre côté, la communication qui entoure ce paiement des soldes semble vouloir en faire un acte personnel du Président, comme si ce dernier était le bienfaiteur d’un peuple à qui il accorderait un bienfait. Le paiement des soldes n’est pas un acte de charité, mais bien un droit que chaque fonctionnaire a de recevoir pour son travail accompli. En le présentant comme un geste politique, la Transition semble vouloir s’approprier cette victoire sociale à des fins électoralistes.
Cette situation met en lumière une certaine déconnexion entre les autorités et les besoins réels des fonctionnaires et plus largement des populations. Au lieu de résoudre de manière structurelle les problèmes chroniques de gestion des finances publiques et de garantir la régularité des paiements à l’avenir, on se contente de répondre à une urgence ponctuelle. Un paiement des soldes devrait être la norme et non l’exception, ce qui laisse entrevoir la faiblesse des institutions et leur incapacité à assurer une gestion fluide des ressources publiques. En offrant cette solution tardive et partielle, le gouvernement semble privilégier une approche populiste, plutôt qu’une réforme en profondeur du système administratif et financier du pays.
Une manœuvre pour s’attirer des voix pour le « Oui »?
Bien que le paiement des rappels de solde soit un soulagement pour de nombreux fonctionnaires gabonais, il soulève des questions sur la véritable motivation politique du Président de la Transition. Ce paiement semble plus une manœuvre pour s’attirer des voix en vue du référendum qu’un simple règlement de comptes en souffrance. Derrière cette aide nécessaire, se cache ainsi une stratégie qui transforme un droit en une promesse politique, alimentant ainsi les doutes sur la sincérité des intentions gouvernementales et présidentielles.