Le secteur de la santé se hisse parmi les grandes priorités budgétaires de 2026. Le gouvernement lui consacre 312 milliards de fcfa, soit une hausse de 14,8% par rapport à l’exercice précédent. Cette progression s’inscrit dans la stratégie de modernisation des services publics de base et de réduction des inégalités d’accès aux soins.
Sur cette enveloppe, 110 milliards de fcfa iront à la construction et réhabilitation des infrastructures sanitaires, notamment les CHU d’Owendo et Franceville. 72 milliards seront destinés à l’achat d’équipements médicaux modernes, 60 milliards à la formation et au recrutement de personnels de santé, tandis que le reste financera la prévention et la lutte contre les pandémies. Le taux d’accès aux soins devrait ainsi passer de 55% à 70% d’ici fin 2026, selon le ministère.
Ces investissements répondent à un double impératif : rattraper le retard structurel accumulé et renforcer la résilience sanitaire du pays. Après les défis révélés par la pandémie, l’État veut doter chaque province d’au moins un centre hospitalier régional pleinement opérationnel. Cette ambition s’accompagne d’une politique d’équité salariale dans le corps médical et d’une meilleure répartition des ressources humaines.
En investissant dans la santé, le Gabon fait un pari sur le long terme avec en ligne de mire un capital humain mieux protégé, plus productif et plus confiant dans l’action publique. Encore faudra-t-il que la mise en œuvre suive la planification. Reste que le défi ne sera pas financier, mais plutôt organisationnel. Il faudra transformer les crédits en infrastructures concrètes et en soins accessibles.
Par ailleurs, le système de santé gabonais est pénalisé par de nombreux cas de négligences médicales. En mai 2025, l’affaire de l’Hôpital Régional de N’tchengue à Port-Gentil a été portée devant le tribunal après le décès d’un patient urgentiste non pris en charge dans les délais, illustrant les faiblesses persistantes dans l’accueil et la prise en charge des malades. De même, en 2022, la mort d’un détenu au centre pénitentiaire de Libreville, non évacué à temps et dont la dépouille a été séquestrée par l’hôpital militaire, met en lumière l’inégalité d’accès aux soins selon le statut des patients.
Ces drames renforcent l’urgence de disposer non seulement de moyens budgétaires mais aussi d’une gouvernance robuste et de protocoles efficaces pour que les crédits engagés se traduisent réellement par des soins accessibles et de qualité. La Covid-19 a en outre mis à nu les fragilités structurelles du système hospitalier gabonais. Gonfler le budget est donc à première vue une bonne nouvelle, mais reste qu’il faudra assurer un suivi rigoureux.








