Depuis plusieurs semaines, le nom de Hervé Patrick Opiangah est au cœur d’une tourmente politico-judiciaire qui continue de susciter des interrogations. Homme d’affaires reconnu et homme politique influent, Opiangah est aujourd’hui visé par une série de mesures qui interrogent sur la stabilité du climat des affaires au Gabon, déjà fragilisé par plusieurs crises économiques et politiques. Ce qui n’était qu’une simple affaire de mœurs, s’est transformé en une question d’”atteinte à la sécurité de l’Etat”, et en une cabale à l’impact non négligeable sur un pan entier de notre économie.
Hervé Patrick Opiangah est loin d’être un acteur anodin dans l’économie gabonaise. En tant qu’entrepreneur prospère, il est à la tête de plusieurs entreprises ( 7 environ) qui opèrent dans divers secteurs stratégiques, contribuant ainsi à la création de milliers d’emplois à travers le pays. Ses initiatives ont permis de dynamiser des pans entiers de l’économie nationale, participant au renforcement du tissu entrepreneurial gabonais. L’inauguration du siège de sa holding, financé en partie par le groupe BGFIBank (à travers un prêt bancaire) dont le PDG a été reçu ce vendredi par le président de la transition, en est l’illustration.
Une incertitude pour les investisseurs nationaux ?
Dans un contexte où la diversification économique reste un défi majeur, ses investissements ont été perçus comme une bouffée d’oxygène pour une économie en quête de croissance. La « traque » actuelle dont il fait l’objet, marquée par des méthodes jugées agressives par une partie de l’opinion, notamment ses proches, renforce la perception d’une incertitude grandissante pour les investisseurs nationaux et étrangers. Ce type de situation n’est pas sans conséquence : elle risque d’entraîner une frilosité des acteurs économiques, déjà réticents face à une conjoncture où la gouvernance économique peine à se stabiliser.
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En effet, les observateurs pointent un climat des affaires compromis, marqué par des procédures peu transparentes et des interventions de l’État qui rappellent des périodes sombres pour l’investissement privé. À moyen terme, cette instabilité pourrait dissuader des investisseurs potentiels, alors que le Gabon a plus que jamais besoin de capitaux pour accompagner ses réformes. Dans un contexte où les économies de la région CEMAC sont plus que jamais sous pression, le Gabon s’en serait bien passé.
Des questions qui persistent
Si la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite est un impératif salué par de nombreux citoyens, il aurait été essentiel que celle-ci ne se transforme pas en chasse aux sorcières. Les autorités de la transition se devaient d’apporter des garanties de transparence et de respecter les droits fondamentaux des individus. Hervé Patrick Opiangah, malgré les critiques, demeure un acteur économique majeur dont les réalisations sont tangibles. À trop vouloir désigner des coupables, le risque est grand de fragiliser encore davantage un environnement économique qui peine à retrouver confiance.