La dette publique du Gabon est passée de plus de 60% du PIB en 2020 à environ 52% en 2024, selon la BEAC. Ce recul, mis en avant comme une réussite, repose en grande partie sur l’augmentation mécanique du PIB liée à la hausse des cours pétroliers, plus que sur une véritable réduction de l’endettement. En d’autres termes, c’est la croissance nominale qui a amélioré le ratio, et non une réforme profonde des finances publiques. Cette amélioration reste donc fragile, susceptible de s’inverser rapidement en cas de retournement des marchés internationaux.
Comparativement, le Gabon apparaît en meilleure posture que le Congo, dont la dette dépasse 80% du PIB, et que le Tchad, à près de 65%. Mais il reste en retrait par rapport à la Guinée équatoriale, qui bénéficie d’un ratio inférieur à 40%, et même du Cameroun, situé autour de 50%. Cette situation confirme la position intermédiaire du Gabon : ni au bord de la faillite, ni véritable modèle de discipline budgétaire. Sa trajectoire de dette dépend encore trop de facteurs extérieurs, ce qui limite sa marge de manœuvre et entretient un risque latent.
Les mesures annoncées par le gouvernement, comme la réduction progressive des loyers administratifs ou la rationalisation des dépenses de fonctionnement, vont dans la bonne direction, mais leur impact reste encore limité. La collecte fiscale, trop concentrée sur le secteur pétrolier, ne permet pas de dégager des recettes suffisantes pour équilibrer durablement le budget. L’État dépend donc toujours de financements extérieurs pour boucler ses exercices, ce qui l’expose aux fluctuations de taux et aux conditions imposées par les bailleurs.
En réalité, l’endettement du Gabon illustre le même paradoxe que son PIB avec une amélioration en apparence, mais fragile dans ses fondements. Le ratio de dette baisse, mais la masse d’emprunts reste élevée, et le service de la dette absorbe une part importante des recettes publiques. Le pays risque donc de retomber dans ses travers dès la prochaine crise, comme ce fut le cas au cours des décennies passées.
La véritable soutenabilité ne viendra pas d’une hausse mécanique du PIB, mais d’une réforme fiscale ambitieuse et d’une réorientation des dépenses publiques vers les investissements productifs. Sans cette transformation, la dette restera un fardeau latent, qui pèsera sur la capacité du pays à investir et à se développer. Le Gabon a gagné du temps entre 2020 et 2024, mais il n’a pas encore sécurisé son avenir budgétaire.








